04 août 2014

Découvrir le bénévolat de proximité...sans se fatiguer..

Un témoignage entendu récemment au cours d'une discussion entre seniors retraités sur la façon utile "d'occuper son temps" a retenu mon attention et je tenais à le partager car c'est "une histoire de bénévolat" qui se cache derrière un récit anecdotique.

Sylvie est une jeune femme à la soixantaine avancée et bien assumée. Elle est retraitée, après avoir occupé un poste de cadre dirigeant dans une grande entreprise du CAC 40.
Du jour au lendemain, elle s'est retrouvée "sans emploi" et comme seule perspective programmée, celle de s'occuper de ses petits-enfants, ce qu'espéraient et attendaient avec impatience  ses deux enfants devenus parents.
Mais au grand étonnement de ces derniers, Sylvie n'a pas répondu à l'appel , ou du moins y-a-t-elle répondu de manière très ponctuelle: "j'ai beaucoup donné à m'occuper de mes propres enfants", dit-elle , "j'ai encore à apprendre, à découvrir, à partager et à transmettre ! "
Après avoir "testé" plusieurs associations, elle a jeté l'éponge, déplorant d'y avoir retrouvé, selon elle, une hiérarchie, des luttes de pouvoir et des réunions improductives...."le bénévolat, ce n'est pas pour moi", disait-elle, n'envisageant alors celui-ci que comme un engagement auprès d'une association.

Visiblement, une structure, même associative, ne lui convenait pas après 35 ans passés en entreprise. C'est une réaction et une position de certains seniors qui hésitent à se lancer dans une activité bénévole et retrouver des contraintes dont ils ne veulent plus. Et pourtant, ils disposent de temps qu'ils pourraient mettre en partie à profit pour les autres ! 
C'est la réflexion que se faisait Sylvie.

Et si mon voisin avait besoin de moi ? 
C'est alors qu'une idée lui a traversé l'esprit. Dans son immeuble, Pablo, un étudiant chilien, occupait une chambre au dernier étage. Il était "thésard" et sortait peu, travaillant comme veilleur de nuit pour financer ses études. Leurs échanges se limitaient à des formules de politesse échangées dans l'ascenseur ou chez le boulanger.
Un jour, Sylvie lui avait demandé où en était sa thèse. Pablo lui avait répondu qu'il avait dû demander une prolongation de son titre de séjour car il avait pris du retard dans la rédaction et peinait avec une grammaire et des accords de verbes dont la langue française a le secret !

Se souvenant de cette conversation, Sylvie prit la décision de frapper à sa porte et lui proposa de l'aider en corrigeant les textes qu'il écrivait. " si vous aviez vu son sourire", dit-elle ,"j'avais l'impression d'être une sorte de Zorro ! "

C'est ainsi que Sylvie est devenue bénévole !
Elle a pu travailler chez elle et qui plus est, à proximité immédiate de son "client". Elle a retrouvé l'opportunité de parler espagnol et s'est replongée dans un domaine juridique dont elle maîtrisait les termes (la thèse était une thèse de droit fiscal comparé sur un aspect très pointu du droit de propriété, me confie-t-elle), ce qui lui permettait de faire reformuler et préciser certains passages...


Une idée qui a fait mouche
Depuis, le bouche à oreille a fonctionné et d'autres étudiants étrangers sont venus lui demander de l'aide. Face à des matières qui ne lui étaient pas très familières, Sylvie a fait appel à des amis et c'est ainsi qu'une sorte de réseau s'est mis en place.  

De cette expérience déjà renouvelée trois fois, Sylvie ne cesse de vanter les bienfaits : maintien en forme intellectuelle, retour dans une ambiance universitaire, sensibilisation à de nouveaux domaines de connaissances, création de liens d'amitié avec des étudiants étrangers isolés, ouverture à leur culture.....elle envisage un voyage au Chili où les parents de Pablo l'on invitée en remerciement de ce qu'elle a fait pour leur fils.

Un bénévolat sans structure ?
J'ai voulu parler de cette expérience car elle témoigne du fait que le bénévolat n'est pas forcément synonyme d'association, et qu'elle pose une interrogation sur la notion même de bénévolat !
Quelle différence, en effet, entre le bénévolat exercé dans une structure associative et le bénévolat "de proximité" souvent assimilable à des relations de voisinage, voire familiales....
Le bénévolat "familial" doit, à mon sens, être exclu car il s'inscrit dans un autre registre, celui des relations familiales. Y voir du "bénévolat", serait, en poussant à l'extrême, considérer l'éducation et le soin de ses propres enfants comme du bénévolat !!

En revanche, le "bénévolat de proximité" s'inscrit directement dans un registre citoyen en répondant à des besoins qui pourraient être pourvus par des associations ou des services sociaux mais qui ne le sont pas pour diverses raisons (absence de structure locale, refus d'y faire appel, inadéquation aux besoins..) et qui s'adressent à une population la plupart du temps fragilisée ou isolée : aide aux personnes âgées, malades ou handicapées, accueil d'étrangers isolés, aide aux devoirs, aide dans la recherche d'emploi, rédaction de CV, etc....

Pour en revenir à notre témoignage, Pablo rencontrait de réelles difficultés et n'avait pas les moyens de payer une officine qui aurait procédé à la correction de sa thèse, voire à un "re-writing" de certains passages. Il avait peu d'amis français assez disponibles pour passer du temps sur cette thèse dont certains passages nécessitaient une bonne connaissance du langage juridique. Les remarques de forme faites parfois par son directeur de thèse étaient générales et ne lui étaient d'aucune aide. Il se sentait isolé et avait besoin d'aide. 

Le hasard a joué ! chacun en a tiré profit : Pablo en présentant une thèse qui a reçu la mention "très honorable", Sylvie en bénéficiant d'une ouverture sur une autre culture, une nouvelle amitié...

Pour compléter l'anecdote : Sylvie continue épisodiquement d'aider des étudiants étrangers...et trouvera le temps, lorsqu'elle rentrera du Chili, de s'occuper de ses petits enfants car, dit-elle, "on ne me considère plus comme une grand-mère retraitée, affectée d'office au baby-sitting" !

Soucieuse d'en savoir plus, et certaine de trouver un écho à ma recherche en allant voir du côté du Québec, j'ai appris que l'université Laval va mettre prochainement en ligne un "kit d'aide à la rédaction" destiné aux étudiants, étrangers ou non !

Les besoins de bénévolat ne sont peut-être pas loin ! pas besoin d'aller dans le sud saharien ou au fin fond de l'Inde... il suffit de regarder autour de soi !

Je vous invite, par exemple, à visiter le site de l'association "Voisins Solidaires" http://www.voisinssolidaires.fr/, une association qui milite et qui promeut des actions en faveur du "mieux vivre" ensemble (la "journée des voisins", c'est elle !). Ce site donne des idées de bénévolat pour tous les âges. Une "boite à outils" suggère des tas d'idées et d'occasions pour établir une relation de voisinage.

Il y a aussi le "bénévolat à distance" "e-bénévolat" qui prend une place de plus en plus importante et utile, et qui peut s'adresser aux personnes qui ne peuvent se déplacer, grâce à l'utilisation des moyens informatiques et internet. Nous lui avons consacré un article "e-bénévolat..pensez-y" publié le 6 mai 2013.