20 novembre 2014

Vers une nouvelle donne de l'action bénévole ?

Une étude menée par Recherches et Solidarités (auprès de 3464 bénévoles) et publiée au début de l'été dernier (11è édition de la France bénévole), conduit à s’interroger sur l'évolution du modèle de l'action bénévole et de sa prise en  compte par les associations.


Les raisons probables     
  • la crise économique qui a modifié les comportements des acteurs économiques et sociaux que sont les bénévoles, ceux-ci intervenant de plus en plus dans des actions hors du cadre associatif et mettant en avant le critère d'utilité de leur action,
  • l'évolution démographique qui souligne l’importance de l’engagement chez les 25-49 ans (qui passe de 32% à 46%) et chez les plus de 65 ans (36%)
  • une interrogation sur la gouvernance associative plus souvent remise en cause et qui fait l'objet de méfiance à l'égard de certains fonctionnements "jugés chronophages, prisonniers d'habitudes et souvent caractérisés par l'entre soi".
Quelques chiffres
·       24,6% des français sont engagés dans une association (contre 22,6% en 2010). Le nombre de bénévoles est ainsi passé de 11,5 millions à 12,5 millions entre 2010 et 2013
·       ceux qui interviennent de façon régulière et hebdomadaire dans une association représentent 10,5% des bénévoles, contre 12,5% en 2010. Ils ne sont plus que 5,5 millions contre 6,5 millions en 2010
·       de plus en plus de bénévoles préfèrent agir ponctuellement (92%) et concrètement (80%) et attendent plus de satisfaction personnelle (73%)
·       les sources de satisfaction se regroupent autour du sentiment d’être utile (67%), de l‘intérêt porté au projet associatif (55%), des missions confiées (51%), de la convivialité (47%)

Les réponses des bénévoles aux questions posées sur leur engagement
(NB : la grande majorité de ces affirmations sont partagées par les responsables d’associations et les bénévoles et confirment l’analyse statistique en l’explicitant)
 
Sur l’engagement
·       de plus en plus de bénévoles préfèrent agir de manière ponctuelle et concrète en fonction de leurs disponibilités, et de nouvelles formes d'engagement se font jour, mettant l'accent, avant tout, sur l'utilité sociale, sans pour autant mettre de côté l'épanouissement personnel et l'acquisition de compétences 
·       on donne de plus en plus de temps gratuitement en dehors des associations et directement autour de soi (églises, écoles, mairies…) 
·       les bénévoles sur lesquels l’association peut vraiment compter sont de moins en moins nombreux, « mais on trouve toujours des bénévoles pour donner un coup de mains ponctuellement »
Sur l’attente des bénévoles auprès des associations
·       Les bénévoles sont de plus en plus motivés par des actions concrètes 
·       Plus réticents à prendre des responsabilités, ils souhaitent cependant de plus en plus comprendre comment marche leur association et être associés à sa gestion. Ils exigent de plus en plus de transparence financière.
·       Ils attendent plus qu’avant, des satisfactions personnelles (moins d’abnégation)
Sur le ressenti des bénévoles et l’évolution de leur engagement
·       Un tiers d’entre eux reconnaît donner moins de temps à une ou des associations au profit d’actions plus ponctuelles, mais beaucoup seraient prêts à l’avenir à donner un peu plus de temps.
·       Plus de la moitié déclare avoir des responsabilités (avec un « pic » chez les 18-25 ans)
·       Ceux qui souhaiteraient avoir davantage de responsabilités sont très minoritaires
·       Beaucoup ont décidé de donner plus de temps à des personnes ou des projets hors du cadre associatif (assez sensible chez les seniors)
·       Globalement, plus des deux tiers des bénévoles soulignent qu’ils ont aujourd’hui davantage de satisfactions dans le bénévolat.
·       Quant aux insatisfactions avancées, on note moins de convivialité et d ‘esprit d’équipe, le sentiment d’être moins utile et une exigence de plus en plus grande des adhérents ou des bénéficiaires.

Ce qui doit alerter les associations….
·       les bénévoles sont plus réticents à prendre des responsabilités au sein des associations (72%), à l’exception des jeunes (80%) qui se disent prêts à donner plus de temps et prendre des responsabilités
·       leur engagement régulier hebdomadaire est sensiblement moins important
·       ils attendent plus de satisfaction personnelle (73%), (ce qui pose une fois de plus le problème de la reconnaissance), exigent plus de transparence financière (72%) et souhaitent mieux comprendre le fonctionnement de leur association et être associés à sa gestion.

Enfin, le bénévolat hors du champ associatif qui a pris une certaine ampleur devrait faire l’objet d’une réflexion globale au sein du mouvement associatif. Il démontre un besoin d’actions concrètes qui paraissent plus utiles aux yeux de ceux qui s’y investissent et une capacité d’innovation qui ne trouve pas toujours son épanouissement ou d’écho au sein des associations.
Pour accéder à l'enquête dans son intégralité (11è édition de La France bénévole)