28 décembre 2017

L'épanouissement au coeur des engagements étudiants

S'épanouir sans être égoïste, servir l'intérêt général sans se sacrifier sur l'autel du militantisme, telle est la philosophie de l'engagement étudiant dégagée, dans sa thèse de sociologie, par Claire Thoury, déléguée générale du réseau Animafac.


Ce travail que l'intéressée a présenté le 6 décembre, lors de la soirée Paris Je m'engage organisée par et à la Mairie de Paris, s'appuie sur une soixantaine d'entretiens auprès d'étudiants engagés dans des structures associatives (étudiantes ou pas), des syndicats étudiants, des partis politiques, ou dans le mouvement social Nuit debout, ainsi qu'auprès d'anciens étudiants engagés afin de savoir comment les mobilisations s'inscrivent dans la durée. 

"Faut le vivre, c'est dingue ! Je n'ai jamais l'impression de travailler, je m'amuse, je joue un jeu", s'ébahit Anthémios, membre d'une Junior-Entreprise, association étudiante à vocation économique et pédagogique. Léa, quant à elle, déclare que son engagement lui a permis d'être "embarquée dans un tourbillon de bonheur". Investie dans une association consacrée au développement durable, la jeune femme s'est "rendu compte que les gens de l'asso, ce sont vraiment (ses) amis. Je fais l'asso encore plus pour les voir que pour faire des projets finalement", confie-t-elle. Pour Paul, impliqué dans l'organisation d'un festival de musique, c'est  "l'impression d'être utile" qui renforce son plaisir à agir. 

"Il n'y a jamais aucune référence au devoir ou au sacrifice dans le discours des étudiants", commente Claire Thoury. Quel que soit le projet, l'enjeu de l'épanouissement ne peut être ignoré ni minimisé. La cause importerait-elle peu, pourvu qu'on ait l'ivresse ? Pas du tout, réagit immédiatement la chercheure, "le projet est fondamental", mais on ne s'engage pas uniquement pour lui. L'engagement des étudiants témoigne d'une "articulation très subtile entre quête de sens et quête d'épanouissement".

Dans les modèles classiques de militantisme, l'association des individus qui s'engagent dans une structure fait masse et la masse crédibilise la cause et le projet. On était sur la figure d'un militant qui adhère à une grande organisation avec des consignes précises pour défendre les idées que celle-ci porte. Aujourd'hui, ce sont les engagés qui font la ligne et le jour où elle ne leur convient plus, ils s'en vont. Pragmatique, l'étudiant engagé n'est plus prêt à sacrifier son épanouissement au profit d'une cause ou de la structure. Cela ne retire rien à l'intensité de l'implication, qu'on la mesure au temps passé à la réalisation d'un projet, aux attentes vis-à-vis de celui-ci, ou à la façon dont l'engagement se diffuse dans toutes les sphères de la vie des engagés. Par delà leur diversité, les engagements des étudiants contemporains ont en effet en commun le fait d'être particulièrement intenses, note la chercheure.

"Outil de subjectivation, réponse aux épreuves identitaires, expérimentation du politique, rite initiatique non organisé de passage à l'âge adulte, moyen de s'émanciper d'un système éducatif rigide", l'engagement occupe une place centrale dans l'existence des étudiants jusqu'à devenir un élément constitutif de leur identité, souligne Claire Thoury. Cette expérience structure durablement la vie des individus. Ainsi, les anciens étudiants estiment que, s'ils ne s'étaient pas engagés, leur vie présente serait différente tant au plan privé que professionnel, ainsi qu'en termes de valeurs, de rapport aux autres et à eux-mêmes.


                                                                              Caroline Helfter

21 décembre 2017

Le 6 décembre à l'Hôtel de Ville de Paris...des "battles" pour débattre

C'est le 17 décembre 1985 à New-York que l'ONU a décidé de créer la journée mondiale du bénévolat afin de promouvoir le travail des bénévoles et mettre en avant le rôle joué par les structures associatives pour le développement économique et social.

Comme dans de nombreux pays, la France réserve une place de choix à cet évènement, tant au niveau régional que national.

Cette année, comme tous les ans, la Mairie de Paris a organisé le 6 décembre dernier un évènement à l'Hôtel de Ville, qui réunissait, au sein du « village des associations » les associations parisiennes actrices du changement et promotrices du bénévolat. Dix huit stands étaient là pour aider et conseiller les associations (formations, outils, financements, etc.,) et  proposer aux parisiens de mettre leurs compétences au service de celles-ci.

Parmi les différentes manifestations, deux tables rondes étaient organisées, l'une sur les spécificités de l'engagement étudiant, l'autre sur l'accompagnement des associations pour les aider à se développer. Un prochain article du blog relatera les interventions sur l'engagement étudiant.


Les "battles"
Mais l'originalité de cette soirée consistait en l'organisation de "battles", c'est à dire, pour reprendre une expression entendue, de " débats entre citoyens à côté des grandes conférences".
Le "jeu" consistait, sous la conduite d'un animateur qui lançait une question, à départager les participants (responsables d'associations et volontaires parmi le public) en deux groupes, les "oui" et les "non" en réponse à la question posée. Les participants se positionnaient à droite et à gauche de l'animateur. Des idées et des suggestions étaient alors échangées entre les deux groupes, chacun apportant ses arguments.

Trois thèmes prévus :
- S'engager : quel impact pour soi et pour les autres
- La diversité de l'engagement
- Le numérique : quelle plus-value pour les associations (finalement déprogrammé)



Les deux "battles" sur l'engagement ont retenu notre attention car, en dehors de l'aspect ludique de l'exercice qui s'est déroulé dans un climat de convivialité et de grande tolérance, des questions de fond ont été soulevées, qui méritent l'attention et la réflexion des associations et des bénévoles. En voici succinctement quelques-unes qui ont fait débat : 

L'impact de l'engagement pour soi et pour les autres :  
- Est-ce que s'engager, c'est mettre de côté sa vie privée ? Si l'engagement apporte un mieux-être, quelles sont ses limites, sachant qu'il est difficile de dire non ? N'appartient-il pas aux associations de fixer un cadre permettant aux bénévoles de sauvegarder leur vie privée ? mais l'engagement ne fait-il pas partie de sa vie personnelle ? 
- Est-ce se donner bonne conscience ? Qu'est ce que la bonne conscience ? Est-ce forcément péjoratif ? Donner un sens à sa vie ? Lorsque l'on s'engage, n'est-ce pas aussi pour une société future ? n'est-ce pas également, parfois, pour "rendre à la société" ce que l'on a reçu ?
- L'engagement devrait-il être obligatoire pour tous ? Ne doit-il pas demeurer un don, un choix libre et gratuit ? Beaucoup de personnes sont loin de l'engagement, et une obligation pourrait-elle être l'occasion de donner envie à ceux qui n'y pensaient pas (chômeurs) ? Devrait-on le rendre obligatoire à l'école ? En Angleterre, dans les écoles, les élèves doivent s'engager pour une cause, c'est une orientation pour leur vie d'adulte.

La diversité de l'engagement (s'engager avec toutes nos différences): 
- Une question lancée, : les associations sont-elles des "repaires de gauchistes" ? certes non pour l'immense majorité des participants (associations sportives, religieuses..) mais les bénévoles portent souvent une alternative sociétale, idéaliste. Y a t-il forcément une dimension politique, sociale...utopique ? Peut-on travailler, au sein des associations, avec toutes nos différences ? La force d'une association n'est-elle pas sa diversité politique ?
-Plusieurs générations au sein des associations : Doit-on "vivre séparés pour vivre heureux" ? Les jeunes ne sont-ils pas plus aptes, par exemple, à traiter les problématiques concernant les jeunes? Mais, de manière générale, ne doivent-ils pas prendre des responsabilités et gagner en autonomie ? Quelle est la limite jeunes/vieux ? La coexistence n'est-elle pas source d'enrichissement ?
- Pour réussir dans une association, faut-il être un homme, blanc, hétérosexuel? Doit-on imposer une parité comme dans les conseils citoyens ? Peut-on envisager des réunions non mixtes pour gagner en confiance ? Limiter le renouvellement des mandats, instaurer des quotas, prévoir des élections sans candidats ? 

Une source de réflexion
Ainsi, sous une apparence ludique, nombreuses sont les questions qui ont émergé et qui méritent réflexion au sein du monde associatif, et parmi elles :
- l'intergénérationnel dans les associations
- la place des femmes, des minorités, et leur accession à des postes de responsabilités au sein des associations
- l'engagement obligatoire ou non 
- Le bénévolat et vie privée.

......tout un programme !

                                                                      Louise Forestier

12 décembre 2017

Se faire du bien en le donnant


Les "Paradise Papers" l'ont une fois de plus rappelé,  s'il en était besoin : les grandes fortunes sont diablement intéressées par la thésaurisation, sans doute nettement moins par le don. Mais, peut-être les personnes concernées ne connaissent-elles pas les travaux d'Elizabeth Dunn, de l'université de Colombie Britannique. Docteure en psychologie sociale, cette "chercheure sur le bonheur" (Happiness Resarcher) comme elle se présente sur Twitter, s'est employée à démontrer que dépenser son argent rend plus heureux quand on le débourse pour les autres que pour soi-même. Elle fonde cette assertion sur les nombreuses recherches scientifiques qu'elle a analysées avec son confrère Michael Norton, professeur de marketing à la Harvard Business School. Les deux spécialistes des sciences du comportement rendent compte de leurs observations dans Happy Money. The Science of Smarter Spending (Simon & Schuster 2013, non traduit).

Sylvie Chokron, directrice de recherches au CNRS et neuropsychologue, reprend les principaux enseignements de cet ouvrage dans une contribution au Monde du 15 novembre (supplément "Science et médecine"), judicieusement intitulée : "L'argent fait le bonheur... quand on le partage"  :

De fait, les études montrent que surcroît de richesse ne signifie pas nécessairement surcroît de bonheur. Pour augmenter son bien-être, rien n'est plus rentable que d'investir son argent dans les autres. Ainsi, une prime de 5000 dollars (4300 euros) rend des employés d'autant plus heureux qu'ils la consacrent à des activités à caractère social plutôt qu'à eux-mêmes. De la même manière, une étude menée sur plus de 600 foyers américains révèle que ceux qui dépensent le plus d'argent pour des causes à vocation sociale sont ceux qui éprouvent le sentiment de satisfaction quotidienne le plus intense, renchérit Thibaud Eigle, fondateur de l'Ecole des finances personnelles, qui s'est lui aussi passionné pour le travail de Dunn et Norton.

Ces constats ne sont pas propres aux seuls Etats-Unis. Une étude Gallup menée entre 2006 et 2008 dans 136 pays plus ou moins riches, en milieu rural ou urbain, est parvenue aux mêmes résultats. Dans 120 pays sur 136, les gens qui se montraient les plus généreux en matière de dons étaient aussi ceux qui se déclaraient le plus heureux - le plaisir suscité par le don s'avérant indépendant de la culture ou du niveau de ressources des donateurs . Et le sentiment de bonheur est d'autant plus fort que le sujet destine son don à une action à laquelle il croit. Autant d'informations à avoir en mémoire à l'heure où le baromètre de la générosité, publié le 4 décembre par l'association Recherches § Solidarités, établit qu'en France, le nombre de personnes ayant déclaré un don sur leur impôt sur le revenu en 2016 a reculé de 4,2% par rapport à l'année précédente : 5,28 millions de foyers fiscaux ont déclaré au moins un don aux associations contre 5,51 millions en 2015.

Pour en savoir plus
                                                                           Caroline  Helfter

04 décembre 2017

Pêle-mêle, des infos sur le monde associatif et le bénévolat



Des mesures et des initiatives pour encourager le bénévolat chez les jeunes   
- L’IAE Lyon (elle n’est pas la seule)  rend obligatoire, pour les étudiants de première année, le don d’un minimum de 20 heures de bénévolat. Ce bénévolat compte dans les notes de passage en seconde année. « Nous voulions vraiment que tous les étudiants soient confrontés au monde associatif, leur montrer qu’il n’y a pas que les entreprises. Notre but est de former des managers responsables et cette démarche les aide à prendre conscience d’un certain nombre de choses » (Catherine Mercier-Suissa, responsable pédagogique)

- Un décret du 10 mai 2017, issu de la loi Egalité et Citoyenneté, et applicable
dès la rentrée 2017, entérine la reconnaissance de l’engagement des étudiants dans la vie associative, sociale ou professionnelle. Les établissements d’enseignement supérieur doivent mettre en œuvre un dispositif garantissant la validation des compétences, connaissances et aptitudes acquises par leurs étudiants dans l’exercice d’activités associatives, sociales ou professionnelles. La reconnaissance peut prendre plusieurs formes : attribution d’éléments constitutifs d’une unité d’enseignement,  crédits européens « ECTS », dispense totale ou partielle de certains enseignement ou stages…
De même seront possibles des aménagements dans l’organisation et le déroulement des études et des examens (emploi du temps)
De très nombreuses universités sont sur le pied de guerre afin d’organiser au mieux cette reconnaissance. Des problèmes se posent, tout particulièrement celui de savoir quelles sont les activités associatives qui peuvent être concernées..

- Pour susciter le  bénévolat des jeunes et s'attaquer à un problème récurrent, celui du logement des étudiants, signalons une initiative  lancée par la Ville de Paris qui a transformé plusieurs appartements familiaux en colocations étudiantes dans des résidences sociales, dans les 12è, 14è, 17è, 18è, 19è et 20é arrondissements, pour un prix modique (par exemple, un T3 de 42m2 dans le 20è est loué 275€ hors APL). Une centaines d’étudiants ont bénéficié de ce dispositif à la rentrée 2017. 


En contrepartie de cet avantage, les étudiants s’engagent à effectuer 4 ou 5 heures de bénévolat par semaine (cours de langue française, soutien scolaire..)
La Ville de Paris n’est pas la seule pour ce type d’initiative. Plusieurs villes de France y ont eu recours, notamment Nantes avec le concept de « voisins solidaires » qui promeut le logement de jeunes dans une résidence pour personnes âgées, moyennant un loyer symbolique en échange d’un peu de temps consacré aux personnes âgées.

Du côté des associations
- Une proposition de loi a été déposée le 17 octobre dernier, visant à atténuer les condamnations de dirigeants bénévoles d’associations à but non lucratif, au titre de l’action en responsabilité pour insuffisance d’actif. Cette proposition considère en effet que le responsable associatif qui commet des erreurs de gestion, même de bonne foi, ne dispose d’aucune des protections dont peut disposer un dirigeant d’entreprise pour limiter sa responsabilité personnelle (patrimoine d’affectation, statut juridique de la société…)
Cette proposition demande donc au tribunal de tenir compte de la qualité de bénévole et des moyens qu’avait l’association pour se prémunir des risques financiers. Affaire à suivre….


- Un tollé chez les associations après l’annonce de la suppression d’un très grand nombre de contrats aidés en 2017 (passant de 459.000 à 310.000 ), la suppression devant se poursuive en 2018. Les collectivités locales sont concernées, mais aussi un grand nombre d’associations. Ces contrats aidés constituent en effet un tremplin d’intégration et permettent d’assurer ou de renforcer certaines missions d’intérêt général. En conséquence, des associations s’interrogent sur leur capacité à continuer, dans les prochains mois, leurs actions de proximité, les perdants étant les salariés qui bénéficient de ces contrats et les bénéficiaires des actions menées grâce à ce dispositif. Le mouvement associatif a dénoncé une décision prise sans concertation ni préparation et souhaite « que l’année 2018 soit une année de transition et non une année de rupture »
La presse s’en étant largement fait l'écho, et notamment tout récemment à l'occasion de la discussion au parlement de la loi de finances 2018,  nous n’y revenons pas. 


A savoir :
- Tout bénévolat n’est pas autorisé : un arrêt de la cour de cassation a interdit formellement à un chômeur d’intervenir bénévolement, même de manière accessoire, pour son ancien employeur, et justifie la décision de Pôle Emploi de réclamer les indemnités versées.

- Une mine de renseignements à découvrir dans la version 2017 de l’étude sur la France bénévole publiée par Recherches et solidarité (à télécharger sur le site de l’association)



- Enfin, pour terminer, un type de bénévolat non répertorié : sachez que depuis le vendredi 3 novembre à 11h44, les femmes travaillent bénévolement jusqu’à la fin de l’année.  C’est en effet la constatation faite encore cette année par la newsletter féministe « Les Glorieuses », pour souligner l’écart moyen de salaire  qui est encore de 15,8% entre les hommes et les femmes. Un bénévolat, là où on ne l'attend pas !


Lu pour vous
Une étude originale, s’appuyant sur l’observation d’une association humanitaire française, pose la problématique de la contradiction entre les valeurs associatives que se sont appropriées les bénévoles et la professionnalisation des associations qui se dotent d’outils de plus en plus sophistiqués venus du « monde marchand » dans un souci d’efficience et de  performance. On risque alors d’assister à un amenuisement de l’engagement et de la motivation des bénévoles. 
Des pistes managériales sont proposées, en prenant en compte une typologie des bénévoles établie en fonction de leurs valeurs et de la perception qu’ils ont des outils de gestion.

Cette étude
a été menée par deux universitaires de l'université de Rouen
https://www.agrh.fr/assets/actes/2014-Cousineau-Damart.pdf


                                                                                 Louise Forestier

16 novembre 2017

Les réseaux sociaux pour développer le bénévolat

Les réseaux sociaux, un fait de société incontournable

A côté de Facebook qui permet une relation entre amis, virtuels ou non, pouvant se   multiplier à l'infini à travers le monde, il existe un autre réseau social incontournable, à visée exclusivement professionnelle, LinkedIn, dont l'objectif n'est pas de "se faire des  amis", mais d'entrer en contact afin de créer un réseau de relations professionnelles. 

LinkedIn, le premier réseau social de relations professionnelles
LinkedIn est communément désigné comme un "Facebook professionnel" (ou encore "Facebook en complet cravate" suivant une expression trouvée sur  un blog !). 
Les chiffres : près de 500 millions de membres à travers le monde, presque 200 secteurs d'activités représentés dans plus de 200 pays, 14 millions d'utilisateurs en France.
Son fonctionnement est un peu similaire à Facebook. On peut y créer un profil détaillé axé sur son activité professionnelle et ses compétences (particulier) ou  une page (entreprise).
Le réseau est utilisé pour tout ce qui concerne la vie professionnelle : trouver du travail, contacter des employeurs, développer son entreprise, construire, développer et enrichir son capital social. Il vise à créer une relation de confiance entre des professionnels, des étudiants, des demandeurs d'emploi afin que chacun puisse disposer de ressources en ligne pour développer des idées, trouver des opportunités d'emploi, bénéficier de communautés d'experts qui existent sur le réseau, faire du "crowdfunding"...
Des cercles de réflexion et d'échanges professionnels se regroupent par centres d'intérêts pour partager expertises et retours d'expériences.
Le réseau est largement utilisé par les cabinets RH et les employeurs en recherche de profils d'exception.



Linkedin, Tous Bénévoles, un partenariat pour développer le bénévolat en France.

Compte tenu de l'engouement suscité pour le réseau LinkedIn, celui-ci n'est-il pas un formidable support pour susciter des vocations bénévoles auprès des abonnés au réseau en leur proposant des missions auprès d'associations ?
C'est la stratégie  menée par LinkedIn qui souhaite élargir son champ d'action en faveur du bénévolat. C'est aussi la tradition de la société américaine dans laquelle l'engagement bénévole est une valeur partagée, les employeurs étant davantage sensibles aux CV de candidats faisant état d'un tel engagement.

Après d'autres pays comme le Royaume Uni où LinkedIn s'est associé à Reach Volunteering, c'est maintenant en France que LinkedIn souhaite promouvoir le bénévolat en s'associant avec Tous Bénévoles qui met en relation des personnes désireuses de se lancer dans le bénévolat, avec des associations adhérentes qui proposent des missions sur le site de l'association  . 

Pour les 800.000 membres français de LinkedIn qui ont exprimé une appétence pour le bénévolat, et grâce à ce partenariat, le bénévolat vient à eux !
Ils ont ainsi accès à des offres sérieuses, validées et correspondant à leurs compétences.

Pour les associations membres de Tous Bénévoles, ce partenariat est une opportunité qui leur ouvre de nouvelles possibilités de recrutement de bénévoles, puisqu'ils ont ainsi accès à un vivier de bénévoles potentiels qualifiés.

C'est donc un outil de premier ordre, en ce qu'il s'adresse à un réseau d'actifs pour la plupart, non ciblés jusque là en tant que tels. C'est une première à cette échelle, en France.

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Voir le communiqué de presse sur le partenariat Tous Bénévoles / LinkedIn

https://www.tousbenevoles.org/images/page/communique_presse/communique_de_presse_Tous_benevoles_LinkedIn.pdf

06 novembre 2017

Le rapport sur les inégalités en France....un triste constat !

L'observatoire des inégalités, organisme indépendant d'information et d'analyse sur les inégalités, se propose de répondre aux lacunes de l'information statistique en procédant, à côté du constat, à des analyses et des préconisations, complétant ainsi le froid constat statistique, afin de "ne pas faire dire aux chiffres ce que l'on veut".

Il a publié au début de l'été le rapport 2017 sur les inégalités en France, le premier ayant été publié en 2015. Les données statistiques sont ici largement  commentées.
Il  est sans complaisance lorsqu'il met en évidence les insuffisances des politiques sociales, et aussi, à l'occasion d'un commentaire, lorsqu'il pointe le  paradoxe de l'un de nos principes républicains, l'égalité,  inscrite au frontispice des bâtiments publics !

Le rapport est disponible (pour un prix modique) sur le site de l'observatoire des inégalités 

Tous les domaines sont abordés : Revenus et patrimoine, Education, Travail, Modes de vie, Territoires.
A de très rares exceptions près, les écarts se creusent, les inégalités demeurent, voire s'accentuent.

Une rapide synthèse des constats les plus marquants (source Le Monde/les décodeurs)

Les revenus
Plus d'un quart des revenus se concentre entre les mains de 10% de la population, malgré le système de redistribution. Le décalage s'amplifie dans le temps (les augmentations de revenus concernent avant tout les 10% de plus riches) et entre les générations.
La moitié de la population se partage 8% du patrimoine, alors que 1% des français les  plus riches en représentent 17%.

Plus d'un millions de pauvres supplémentaires en dix ans !
Les jeunes sont les premières victimes : 900.000 enfants de moins de dix ans (11%), un adolescent sur 8 (12%), suivis par les jeunes adultes (11%) (20-29 ans)

L'éducation
Un grave problème de société demeure et s'accentue, celui de l'inégalité face à l'institution scolaire. Le constat est alarmant : plus de 20% d'enfants de parents sans emploi et 10% d'enfants d'ouvriers, ont redoublé avant l'entrée en 6è , contre seulement 3% des enfants de cadres. Dans les classes adaptées aux élèves en difficulté, 90% d'entre eux ont des parents ouvriers, employés ou inactifs. En fin de parcours scolaire, on note un gros écart de niveau de diplôme obtenu : les enfants de cadres supérieurs ou d'enseignants ont dix fois plus de chances d'obtenir un diplôme de niveau Bac+5 que les enfants d'ouvriers. 

Les chiffres sont encore plus préoccupants, concernant l’accès aux filières les plus prestigieuses : en 2015, plus des deux tiers (68,8 %) des élèves de l’Ecole nationale d’administration (ENA) avaient des parents cadres, contre seulement 4,4 % de parents ouvriers . Ils étaient également 63,7 % d’enfants de cadre à Polytechnique et 46 % dans les écoles d’ingénieurs.
L'ascenseur social semble bien en panne ! 

Toutefois, légère satisfaction, le taux d'élèves qui sortent précocement du système scolaire en France (9,7%), est inférieur à la moyenne européenne (13,1%)

Emploi, travail

Concernant l'emploi 
Le chômage touche 2,9 millions de personnes, dont 20% parmi les employés non qualifiés, contre 4% parmi les cadres supérieurs.

Mais, selon le rapport, les 2,9 millions de chômeurs ne sont que la partie émergée de l’iceberg, car il estime que 1,4 millions d’inactifs non recensés par Pôle Emploi souhaiteraient travailler, sans y parvenir (seniors, femmes au foyer…). Par ailleurs, 3,4 millions de travailleurs occupent un emploi précaire ou mal rémunéré (CDD, intérim, stages). Au total, 7,7 millions de personnes seraient en situation de « mal-emploi ».

Les conditions de travail 

Les contraintes liées au rythme de travail  (normes de production, poids  hiérarchique..): 26,4% des cadres les subissent,  54% des ouvriers qualifiés (enquête du ministère du Travail)
Les contraintes physiques touchent 7,9% des cadres, 25% des professions intermédiaires et 63,2% des ouvriers qualifiés.


En 2012, 62,6% des victimes d'accidents de travail étaient des ouvriers.


Les étrangers

5,4 millions d'emplois sont interdits aux étrangers, soit parce qu'ils requièrent la nationalité française (4,4 millions de postes), soit parce qu'ils sont soumis à la possession d'un diplôme français ou d'une autorisation spéciale.
Plus d'un emploi sur cinq serait ainsi interdit aux non européens.
Par ailleurs, une expérience de testing a montré que les employeurs, à profil équivalent, préfèrent embaucher des français.
En résumé, en 2014, 17,2% d' étrangers étaient au chômage, contre 9,1% de français, avec une très importante différence entre les étrangers non européens et les ressortissants de l'Union européenne.

Enfin, autre fait de société, l'inégalité salariale hommes/femmes, demeure, sachant qu'elle est plus forte chez les cadres (20%) que chez les ouvriers (8,9%) (les derniers chiffres parus font état d'une aggravation de l'écart qui atteint 15,8 % en moyenne)
                                          
Pour conclure,
Le rapport sur les inégalités en France, dont nous n'avons présenté qu'un très rapide et succinct aperçu, est un document  indispensable aux associations et aux bénévoles engagés, soucieux de connaître la réalité factuelle et explicite du combat qu'ils mènent en direction des plus démunis. 
Il pose la vraie question à laquelle notre société doit plus que jamais répondre, celle de l'égalité en tant que principe républicain, en commençant prioritairement par la recherche et la mise en place de mesures à grande échelle favorisant l'égalité des chances pour les générations montantes. 

.....et en attendant, les associations et les bénévoles tentent de colmater les brèches afin de donner un sens à un autre principe républicain : la fraternité

Louise Forestier

22 juin 2017

Les vacances approchent....du tourisme solidaire ?

Les abus d'un certain type de tourisme
Il y a deux ans, nous avions tiré la sonnette d'alarme sur le "business" et les dérives que constituent certaines offres  sans scrupules de tourisme humanitaire, le "volontourisme" comme disent les anglo-saxons.

Il s'agit là d'un phénomène de mode, environ 1,5 millions de volontouristes ayant été répertoriés dans le monde en 2015 

Il y a quelques semaines, le sujet est réapparu dans l'émission "Envoyé spécial" qui a rediffusé un reportage édifiant sur "le business de la charité": des touristes qui partent au bout du monde, en Inde, au Cambodge, au Népal, clients de  tour-opérateurs qui proposent des "circuits humanitaires" clés en main.

Au Cambodge, un tour opérateur, outre un voyage touristique dans le pays, inclut dans son "forfait", le financement, dans un village, de pompes à eau par les touristes dont les noms figurent sur les installations et qui reviennent dans leur pays, photos à l'appui, avec le sentiment d'avoir œuvré pour améliorer le sort des populations cambodgiennes. Mais quelques temps plus tard, un retour des journalistes sur les lieux montre des pompes à eau inutilisables, cassées, non réparées, sous le regard fataliste et désabusé des habitants...

Une autre agence installée à Angkor, fait venir des volontaires pour donner des cours d'anglais à des enfants (sans vérifier le profil ou les compétences des volontaires). Les volontaires changent tous les quatre jours !! 600 agences de volontourisme sont ainsi dénombrées dans la région de Siem Reap (Angkor)

A Kathmandou, (on apprend que le nombre d'orphelinats dépasse le nombre d'orphelinats sur le continent européen), de nombreuses ONG se sont installées depuis le tremblement de terre...des aubaines pour des agences de tourisme et des associations peu scrupuleuses, notamment l'une d'entre elles qui recueille des orphelins  afin d'attirer la compassion de voyageurs/donateurs...qui ignorent qu'il s'agit souvent de faux orphelins arrachés à leur famille avec la complicité des autorités corrompues qui modifient les états civils ("blanchiment d'enfants", "orphelins de papier" estimés à 85% des enfants recueillis).

Les voyageurs, malheureusement, ne se posent pas la question de l'utilisation de l'argent qu'ils ont versé - généralement autour de 2000 euros pour deux semaines, hors coût de l'avion et du visa - le reportage montrant que les marges bénéficiaires de ces tours opérateurs peu scrupuleux sont dix fois plus élevées que dans le tourisme ordinaire.
Ce qui intéresse les voyageurs, c'est de savoir ce qu'ils ont fait, sans s'occuper de la suite, de l'utilité, du suivi, de savoir si ça marche (pour les pompes à eau..)
Il s'agit de solutions à court terme, sans apport véritable pour le développement. Le volontariat est devenu un objet de consommation comme un autre.
(voir l'article cité plus haut).

Isabelle, une volontouriste heureuse....

Ne voulant pas rester sur l'impression et le jugement induits par les reportages qui ont tendance à fustiger ce type de tourisme,  j'ai voulu entendre le récit d'une jeune "volontouriste" rentrée récemment du Bénin. Son approche et ses motivations n'ont pas la prétention de sauver le monde ou d'aider au développement d'un pays africain. Elle parle tout simplement de solidarité et d'entr'aide.
Isabelle a 30 ans, elle travaille dans  une agence de voyages en ligne qui propose des voyages à la carte. Elle connaît donc parfaitement le secteur du tourisme et le monde des agences de voyages.

A la fin de ses études d'infirmière, elle a décidé d'opérer une reconversion et se diriger vers un secteur qui l'avait toujours attirée et correspondait davantage à ses aspirations, celui du tourisme. Avant d'entamer cette nouvelle tranche de vie, et pour "faire un break", elle a souhaité partir en mission humanitaire, son autre domaine de prédilection. Mais les ONG contactées ne proposant que des missions de six mois au minimum, elle a  dû renoncer à ce projet et a donc entamé son nouveau cursus universitaire à l'issue duquel elle a débuté sa carrière professionnelle.

Mais elle n'a pas pour autant mis  de côté l'empathie qu'elle ressent  et l'intérêt qu'elle porte aux enfants démunis des pays du sud.

C'est ainsi qu'elle a décidé de faire l'expérience de "voyager autrement", et expérimenter le "tourisme solidaire et équitable",  leit motiv de l'association Double Sens à laquelle elle s'est adressée en toute confiance. Cette agence, créée il y a quelques années par deux amis, se revendique comme une entreprise de l'économie sociale et solidaire et propose un tourisme en Afrique, Asie, Amérique du Sud.

Elle rentre d'un séjour d'un mois au Bénin où elle a effectué une mission de trois semaines à plein temps dans une pouponnière d'Abomey (une ville de 80.000 habitants au centre du Bénin), suivie d'une semaine de découverte du pays. Il s'agit d'une pouponnière gérée et financée en grande partie par une association italienne et qui fonctionne avec des religieuses béninoises . Elle recueille des petits enfants jusqu'à quatre ans, orphelins de mère et ne pouvant pas (temporairement) être pris en charge par leur famille.

La mission d'Isabelle (et de trois autres voyageuses) consistait à "faire des

câlins", jouer, éveiller, dessiner, lire des histoires, promener les enfants., leur parler...tout ce qui est essentiel aux jeunes enfants privés de lien maternel et nécessaire  à leur développement psycho-moteur et affectif, en dehors des soins proprement dits (change, nourriture..).

La pérennité de la mission est assurée par le relais des voyageurs qui se succèdent, à laquelle veille un coordonnateur local rémunéré par l'Agence. C'est ce coordonnateur qui assure le suivi et l'organisation des missions sur place, dont, en dehors de la pouponnière, alphabétisation (après vérification des compétences des voyageurs et avec encadrement) et initiation à l'informatique auprès de jeunes en attente de prothèses dans un centre de rééducation, participation aux récoltes locales....autant d'activités qui relèvent de l'entr'aide et de la solidarité, sans connotation d'assistanat ou de "néo-colonialisme", ce qu'elle n'a pas du tout ressenti dans ses relations avec les nombreuses personnes rencontrées et avec lesquelles elle a partagé le quotidien.

A propos de cette mission, Isabelle parle de solidarité et non d'humanitaire (ce qui est d'ailleurs précisé sur le site de Double Sens) et elle m'a convaincue. Ne pouvant, comme beaucoup, arrêter son travail et partir plusieurs mois en mission humanitaire, elle estime que le concept de "volontourisme" peut être un bon compromis.

Elle a vu son voyage comme une occasion de découvrir l'Afrique, s'ouvrir l'esprit, partager la vie locale, échanger, rencontrer pour dialoguer.  Intervenir dans une pouponnière a été l'occasion de "donner un coup de main", aider, sans pour autant avoir l'impression d'apporter, de transplanter un savoir faire venu de l'occident ou de participer au développement d'un pays.

Jamais elle n'aurait eu l'idée de partir installer des pompes à eau.....

"J'étais là avant tout comme une voyageuse, l'aspect humanitaire n'était pas primordial", dit-elle..."c'est une expérience, pas un but en soi". .... et l'objectif du voyage "est largement récompensé et comblé par le sourire des enfants"

Elle ne sait pas si elle renouvellera cette expérience, mais elle perpétue quelque peu l'action menée sur le terrain, dans la mesure où elle a décidé de "lever des fonds" pour approvisionner la pouponnière en couches....sans ce voyage, l'idée ne lui serait pas venue !

Elle souligne aussi que, comme tout voyage touristique, les "retombées" pour le commerce local sont loin d'être négligeables.


J'ajouterai une remarque personnelle : n'est ce pas, finalement, également, un moyen de faire savoir, témoigner, tenter de faire comprendre pourquoi, en voyant des populations démunies, des êtres humains sont poussés à chercher ailleurs une vie meilleure ?

Quant à la qualité de l'agence, Isabelle, qui connaît bien le secteur touristique et les abus dans ce domaine, confirme qu'il s'agit d'une agence de voyages comme une autre, bien organisée, très contrôlée sur place.

Nous n'avons pas beaucoup abordé la question du prix (2500 euros pour un mois) qu'elle considère non exhorbitant, compte tenu de la durée du voyage et de la qualité des prestations (logement, repas, visites du pays, différents salaires payés sur place....)

Nous ne ferons pas de commentaire sur ce point, nous voulions simplement recueillir le témoignage d'un(e) "volontouriste".

Un conseil pour terminer : se méfier, prendre toutes précautions avant de choisir une agence, ne pas avoir la prétention de participer au développement (les ONG sont là, c'est leur métier),.....et laisser de côté ses préjugés, ne pas partir avec une "casquette" d'occidental(e)

                                                                          Louise Forestier

26 mai 2017

Bénévolat : des initiatives, des idées, de nouvelles dispositions ....

Pour attirer de nouveaux bénévoles...

On reparle du  bénévolat et des aides publiques
Souvenez-vous, dans le département du Haut-Rhin présidé par Eric Straumann, la Justice avait annulé un arrêté qui soumettait le versement du RSA à l'accomplissement de quelques heures de bénévolat. L'interdiction ouvrait cependant la possibilité de contournement en incitant les allocataires à "signer un contrat d'engagement réciproque" (CER), ce qui a été fait dans tout le département du Haut-Rhin. Ceci ne supprime pas le versement du RSA aux allocataires non volontaires, mais beaucoup d'entre eux comprennent l'intérêt qu'un tel contrat présente en vue d'une réinsertion. Leur allocation est alors suspendue en cas de non respect de l'engagement.
- A Ligny en Cambrésis, et toujours sur la base du volontariat, on aide financièrement les jeunes au RSA à passer leur permis de conduire en échange de 7 heures de travail bénévole. On les aide également à obtenir le BAFA en finançant 45% du coût de la formation
- A Neuville en Ferrain (Nord), toujours en direction des allocataires du RSA,la mairie a lancé des "cartes de bénévolat" qui accordent à leurs bénéficiaires, en échange de quelques heures de bénévolat, des tarifs réduits aux manifestations culturelles municipales
- A  Estaires (Nord), des chômeurs travaillent pour leur mairie. L'un d'eux, au RSA, confie "Au moins, on bouge, on se lève pour quelque chose. Pour moi, le RSA c'est de l'assistanat"
- A Chaumes en Retz, la mairie paie une partie du permis de conduire en échange de bénévolat au sein d'associations partenaires.
- A Stains, près de Paris, la municipalité a mis sur pied un programme,  il y a quelques années, en réservant un budget annuel de 99.000 euros (valeur 2017) afin de "favoriser la réussite éducative des jeunes stanois".Moyennant la signature d'un "contrat local étudiant" (CLE), des étudiants reçoivent une aide allant de 1500 à 2500 euros par an, en échange de 40 ou 80 heures de bénévolat réparties sur un an. Pour l'année 2016/2017, 57 étudiants bac+3 ont ainsi bénéficié de cette aide

Associer une aide  publique à l'exécution volontaire de quelques heures de bénévolat est donc une idée qui fait son chemin. Il y a longtemps que la plupart des pays européens ont mis en place des dispositifs similaires, sans que le volontariat soit toujours de mise ! Le dogmatisme, l'idéologie, n'ont pas lieu d'être lorsqu'il s'agit d'œuvrer pour l'insertion, l'intégration ou l'apprentissage de la citoyenneté.

Enfin, une information trouvée au hasard d'une navigation sur le net, nous emmène plus loin vers le Canada, pays où le bénévolat est largement développé et élevé au rang d'une véritable institution. En effet, à partir du 1er juillet prochain, les habitants du Saskatchewan (province de l'Ouest canadien) ne pourront plus, pour des raisons financières évoquées par les autorités de la province,  effectuer de bénévolat auprès d'organismes communautaires en rémunération d'amendes pour excès de vitesse ou stationnement illégal. Cette décision provoque un tollé parmi les associations d'aide aux plus démunis qui ne trouvent pas de volontaires ! Elle supprimerait 15.000 heures de  bénévolat, entraînant pour la banque alimentaire, par exemple, l'obligation de revoir son programme à la baisse.

Une initiative pour susciter des bénévoles
Une autre initiative a retenu mon attention, sans qu'il soit question d'un quelconque accord "donnant donnant".
A Villeneuve d'Asq, deux bénévoles ont créé "HelpAssos", une association qui met en relation des bénévoles de la région avec des associations, à l'occasion d'évènements ponctuels organisés par celles-ci. "On s'est tous déjà dit un jour qu'on voulait faire du bénévolat sans vraiment en avoir le temps...et que de nombreuses associations manquaient parfois de bras pour leurs actions" (François Richaud, président)..."C'est un peu l'idée d'un  bénévolat à la carte" (Isabelle Beaumadier, vice présidente)

Un congé d'engagement
 
Il s'agit d'un congé créé par la loi Egalité et Citoyenneté du 27 janvier 2017, qui permet à des bénévoles de s'engager davantage en facilitant l'exercice de responsabilités et ainsi de concilier leur engagement avec une vie professionnelle
Pour en savoir plus

Des heures de bénévolat associatif contre des heures de formation
 
Depuis le 1er janvier 2017, le Compte d'Engagement Citoyen, issu de la loi Travail, permet d'inscrire les heures de bénévolat assurées dans une association et de "gagner" ainsi des heures de formation créditées au Compte Personnel de Formation
Petit rappel dans ce dédale administratif cher aux français :
Le Compte Personnel d'Activité (CPA) regroupe, au sein d'un même compte, l'ensemble des droits sociaux de chaque personne afin de sécuriser son parcours professionnel.
Le CPA est constitué :
  • du compte personnel de formation (CPF) ;
  • du compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) ;
  • du compte d’engagement citoyen (CEC) destiné à transcrire en droits à la formation les activités bénévoles réalisées dans le secteur associatif reconnu d’utilité publique ou le service civique.
Le compte d’engagement citoyen récemment mis en place, recense les activités bénévoles ou de volontariat (service civique par exemple)de son titulaire. Il permet notamment d’acquérir des heures inscrites sur le compte personnel de formation à raison de l’exercice de ces activités.
La durée minimale varie selon l'activité. Par exemple, six mois continus de service civique ou 200 heures de bénévolat associatif dont 100 heures dans la même association, donnent droit à 20 heures de formation

Mais ce dispositif n'est ouvert, pour le moment, qu'aux volontaires siégeant dans l'organe d'administration ou de direction de l'association. D'après le Ministère du Travail, 100.000 bénévoles devraient ainsi bénéficier du CEC en 2017.
Si l'ONG Planète Urgence salue ce "début de reconnaissance formelle de l'engagement citoyen dans le cadre du travail", bon nombre d'acteurs du secteur associatif déplorent le fait qu'une grande partie des bénévole restent exclus.

Mais selon le gouvernement "couvrir tout le monde, ce n'est tout simplement pas envisageable financièrement"

Affaire à suivre...

Pour ceux que le sujet intéresse, voir le portail internet CPA : https://www.moncompteactivite.gouv.fr/

                                                                          Louise Forestier

14 avril 2017

Silence.....on lit !

Une initiative dont on a beaucoup parlé dans les medias, comme d'une initiative novatrice et originale, a attiré mon attention pour la simple et bonne raison qu'il s'agit d'un petit village de Haute-Provence que je connais bien, Banon.


Déjà célèbre pour son magnifique village fortifié, ses champs de lavande, ses fromages de chèvre roulés dans des feuilles de chataignier, sa librairie, Le Bleuet, figurant parmi les 5 ou 6 plus grandes librairies indépendantes de France, Banon s'illustre cette fois par une initiative mise en œuvre au collège, ce qui ne figurera pas dans la liste des "curiosités à voir absolument" promues par l'Office de Tourisme. C'est pourquoi il faut en parler ici car il ne s'agit pas d'une simple curiosité anecdotique, mais d'une expérience dont les bienfaits dépassent largement le cadre scolaire.

De quoi s'agit-il ?
Il s'agit d'une démarche engagée par la principale du collège de Banon, avec l'aide de l'association "Silence, on lit" qui promeut la lecture dans les établissements scolaires.
Tous les jours, après déjeuner, tel un rituel,  le collège est plongé dans un silence total pendant 15 minutes, pendant lesquelles tous les élèves et tout le personnel sans exception se plongent dans un livre de leur choix, tout étant autorisé, hormis les livres de classe et les journaux.
"Un moment de cohésion dans le silence", note un professeur d'anglais, "je lisais pas, maintenant je lis de temps en temps", confie un élève. Quinze minutes plus tard, les livres se referment et la vie du collège reprend.

15 minutes de lecture par jour....c'est 1h15 de lecture par semaine, 5 heures de lecture par mois au minimum, presque 50 heures dans l'année...autant d'heures gagnées  sur la télé, les smartphones, les tablettes et les ordinateurs...

la video      

Une idée qui vient de loin
Vous pensez certainement qu'il s'agit d'une initiative de l'Eduction Nationale, d'une directive adressée à tous les collèges de France ? Ce serait une bonne nouvelle, mais malheureusement, il n'en est rien !
L'idée, qui fait son chemin, en revient à l'association "Silence, on lit", initiatrice du projet, qui le diffuse et accompagne les établissements scolaires qui désirent y adhérer. Ils sont de plus en  plus nombreux  à manifester leur intérêt auprès de l'association.
Cette idée a germé à partir d'une expérience de 15 ans découverte...en Turquie, au lycée  francophone Tevfik Fikret d' Ankara, par l'un des fondateurs de l'association, le cinéaste Olivier Delahaye venu présenter à Ankara son film "Soleils" (qui sort bientôt en France).
Au bout de quinze ans, cette "pratique" a révolutionné,  non seulement le rapport à la lecture, mais également le rapport aux enseignants et entre les élèves. Voir le très intéressant article publié sur Slate.fr en juin 2016 

Une idée qui n'est pas réservée aux collégiens...
Je vous laisse découvrir le site de l'association, sur lequel on lit que ce concept n'est pas réservé aux établissements scolaires, mais également aux entreprises, et que les bienfaits de la lecture ne se limitent pas au cadre de l'apprentissage.
Allons plus loin...pourquoi pas aux grandes associations ? aux centres aérés ? aux maisons de retraite ? aux centres sociaux, associations et bénévoles qui diffusent accompagnement à la scolarité, apprentissage du français ou autres, etc..,  

Une réflexion sur le monde associatif et le bénévolat
Une lettre adressée au ministère de la culture par Olivier Delahaye, restée sans réponse - rien d'étonnant, pourquoi prendre exemple sur ce qui se fait ailleurs et qui réussit ! - celui-ci s'est adressé à l'Académie Française où il a rencontré un vif succès, notamment auprès d'Erik Orsenna et Daniele Sallenave. C'est à partir de là qu'est née l'association et que des contacts ont été pris avec des proviseurs de lycées.

La réflexion qui m'est venue est celle-ci :
Pourquoi fait-on grand cas d'une initiative (rapportée par de nombreux médias) qui devrait figurer parmi les consignes incontournables du ministère de l'Education Nationale, au vu du constat récurrent de la désaffection des enfants et ados pour la lecture et de l'importance de l'illétrisme en France (7% de la population âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France, soit 2.500.000 personnes en métropole) ? Dans un autre domaine cela me rappelle les paroles, sans doute un peu provocatrices, lancées par Michel Onfray, après les premiers attentats terroristes à Paris. Il s'élevait contre le fait qu'à l'école, on délaissait l'apprentissage de la citoyenneté et des valeurs républicaines au profit de l'apprentissage du tri sélectif ! Ceci était une boutade, bien sûr, mais qui soulignait les choix opérés par les pédagogues de tout poil du ministère de l'Education Nationale, au détriment des "savoirs de base" réclamés par la grande majorité de la population....et des candidats aux élections !

Fort heureusement,  le monde associatif est là, qui répare, pallie, prend des initiatives, dénonce, intervient aux côtés des pouvoirs publics ou de manière autonome et apporte chaque jour la confirmation de l'importance grandissante des actions de la société civile qui "prend les choses en main".

En allant plus loin, les associations ne sont résolument plus les œuvres de bienfaisance telles qu'elles apparaissaient, pour certaines, il n'y a pas si longtemps. Elles deviennent de plus en plus un moyen d'expression démocratique dans la mesure où elles apportent une "connaissance du terrain" dont se targuent à tort la plupart de nos politiques !
En jouant ce rôle d'intermédiaire dans le jeu et l'expression démocratiques, les associations deviennent des acteurs incontournables de notre société en intervenant dans les secteurs délaissés

.....et pour qu'une association grandisse et prospère, il lui faut de plus en plus de bénévoles !

Louise Forestier





09 mars 2017

Trouvez Lulu !

Rien ne va plus !
Vous êtes en conflit ouvert avec une armoire soit disant facile à monter, votre maison a besoin d'un grand coup de ménage, vous êtes découragé(e) devant le fastidieux nettoyage des vitres, mais il faut faire quelque chose car elles sont tellement sales que le temps paraît éternellement gris, personne pour aller chercher Jules à l'école le mardi soir, Mathilde a besoin d'un petit coup de pouce en maths, votre ordinateur montre des signes de faiblesse, vous avez envie de faire la grasse matinée et d'éviter l'incontournable corvée des courses du samedi matin, le chauffe-eau "fait tout sauter" dès qu'on le met en marche, l'évier fuit, vous devez déménager un canapé sans ascenseur, les tringles à rideau du salon sont achetées depuis près de trois mois mais elles ne sont toujours pas fixées, votre voisin est un vieux monsieur qui croule sous les paperasses à remplir pour obtenir une aide à domicile, vous avez une robe que vous adorez qui aurait besoin d'un petit coup de jeunesse .....et bien d'autres choses du quotidien qui vous font rêver d’une fée (ou d’un lutin) qui viendrait à votre secours…

Pas de panique, Lulu est là...
"Lulu dans ma rue" est une "conciergerie" de quartier dont l'idée revient à Charles-Edouard Vincent, polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées et diplômé de Stanford,  qui a décidé de se consacrer à des projets relevant de l'économie sociale et solidaire.
C'est lui qui, avec l'appui de Martin Hirsch, alors directeur général d'Emmaüs, a créé "Emmaüs Défi", une association qui tente de redonner espoir aux sans abris en leur proposant une réinsertion par le travail. Nous lui avions consacré quelques lignes dans un article sur le prix Reporters d'Espoirs. Egalement un article de Youphil qui retrace son parcours.

"Lulu dans ma rue" existe depuis 2015 et a pour vocation de générer de l’activité économique à l’échelle locale, tout en redynamisant le lien social dans le quartier. « Lulu dans ma rue », ce sont des kiosques auprès desquels on trouve tous les services dont on peut avoir besoin dans la vie quotidienne, allant du bricolage au soutien scolaire, en passant par le dépannage informatique, les livraisons, la fourniture de "gros bras", etc...tout un panel de services assurés par des "lulus", au prix de 5 à 20 euros par demi-heure

Aujourd'hui il existe deux kiosques dans Paris. Un à Saint-Paul, le second dans le 17è arrondissement. Grâce à une convention signée avec la Ville de Paris, d'autres sont prévus dans le courant de l'année 2017 (dans les 14ème, 15ème, 18ème et 20ème arrondissements)
Voulant en savoir plus, je me suis rendue au kiosque de Saint-Paul, après avoir
pris rendez-vous avec Alexandra qui m'accueille, ainsi que Marianne, super concierge affectée ce jour là à la tenue du kiosque.

Une cafetière est à la disposition des passants ainsi qu'une table et deux chaises pour se reposer un peu,  et un "bac à livres" où l'on peut se servir et/ou déposer un livre qu'on a lu et que l'on veut partager. Le kiosque est aussi un lieu de rencontre, un lieu de ralliement des lulus, de centralisation des demandes.
Un mot sur Alexandra : elle est étudiante à Paris Dauphine et a décidé de prendre une année de césure entre sa première et sa deuxième année de master Marketing afin de s'immerger dans le monde de l'économie sociale et solidaire, domaine qu'elle a résolument choisi comme cadre professionnel.

Des demandes parfois insolites
Si les prestations de bricolage, ménage, repassage, couture, port de charges lourdes, soutien scolaire, garde d'enfants et dépannages informatiques forment le noyau dur, on trouve tout un tas de "services" aussi inattendus qu'utiles pour les demandeurs : Une maman enceinte, très fatiguée, a fait venir un Lulu pour qu'il monte une construction en lego avec son enfants, une vieille dame cherchait un joueur de cartes, une dame avait repéré une paire de chaussures à sa taille la veille des soldes mais ne pouvait pas se déplacer…

"On peut demander quasiment tout ce que l'on veut, la seule limite étant l'imagination de nos clients", précise Alexandra. C'est tout dire !


On fait comment ?
Il suffit de faire la demande auprès du concierge de quartier dans le kiosque, sur le site ou par téléphone. On crée un compte client et on paie directement la prestation auprès du Lulu qui la fournit. Une facture est ensuite adressée au client.

Un grand nombre de prestations bénéficient d'une déduction fiscale au titre des services à la personne.

Il faut enfin préciser que des kiosques à journaux répartis dans le quartier, constituent des "points relais Lulu" qui peuvent enregistrer des demandes d’intervention.

Des Lulus compétents et dignes de confiance
Ne devient pas "Lulu" qui veut ! Il faut présenter un réel talent, une compétence confirmée dans un domaine donné. Des rencontres sont organisées chaque semaine par des membres de l'équipe avec les candidats "Lulus" afin de leur présenter l'organisation et le fonctionnement...5 à 10% de ceux qui contactent sont retenus chaque semaine.
Un entretien individuel permet ensuite d'affiner les candidatures (conditions d'intervention, disponibilités…), et de tester la motivation. Qualités humaines et compétence sont les deux exigences incontournables fixées par l'équipe.
Un coaching est prévu pour chaque Lulu qui débute (accompagnement dans les premières interventions, formation à la relation clientèle, formations techniques...). Les plus anciens forment les nouveaux et une chargée d'insertion professionnelle est à la disposition des Lulus qui souhaitent de l'aide pour la construction de leur parcours pour la suite.
Chaque Lulu est micro-entrepreneur. La structure s'occupe de toutes les démarches et assure le suivi de l'activité (en émettant les factures notamment) ainsi que les déclarations obligatoires. Un contrôle qualité est exercé après chaque intervention. Les Lulus sont motivés à 100%, déclarés, assurés et formés.

Et si aucun Lulu n'est en mesure de fournir une prestation (opération trop lourde, compétence inexistante ou insuffisante...) ? Pas de problème. Lulu a une solution au sein d'un réseau d'artisans du quartier avec lesquels les Lulus travaillent main dans la main. C'est notamment le cas des interventions de serrurerie dans le quartier Saint Paul.

Qui sont-ils ?
150 Lulus interviennent depuis janvier 2017 dans tout Paris, avec une forte activité dans le centre. Leur nombre s’accroît régulièrement
On trouve parmi eux des retraités désireux d'améliorer leur revenu et de maintenir un lien social, des étudiants, des bénéficiaires du RSA, des actifs et des chômeurs pour lesquels être Lulu constitue un projet de ré-orientation professionnelle, un tremplin de réinsertion, une solution d'attente qui redonne confiance.

Une équipe d'animation soudée, une ambiance de quartier
Une vingtaine de salariés et de bénévoles assurent le pilotage de l’activité (administration recrutements…). Leur moyenne d'âge est d'environ 30 ans. Parmi eux, les concierges qui se relaient pour tenir les deux kiosques ouverts tous les jours sauf le dimanche.

Chaque mois, au cours d’un « apéro Lulu » ou d'un "déjeuner Lulu" l'équipe et les Lulus se retrouvent pour capitaliser les expériences, s’échanger des conseils, analyser les difficultés rencontrées.




Une fois par mois, également, est organisé
un "apéro de quartier" avec tous les Lulus et les habitants. Ayant été gentiment invitée par Alexandra, j'ai pu apprécier l'ambiance bon enfant, chaleureuse et joyeuse, grâce aussi à la présence d'un duo de bossa nova.

Des chiffres
A ce jour,9500 clients ont eu recours à Lulu, 17.850 interventions ont été réalisées, un taux de satisfaction de 98%, 400 demandes officielles d’ouverture de conciergeries de quartier « Lulu dans ma rue », en France et à l’étranger….C’est ça, Lulu !


Pour en savoir plus  et notamment sur la diversité des services proposés

 Un dernier scoop : depuis quelques jours, une "Lulumobile"   parcourt Paris pour faire connaître "Lulu dans ma rue" et stationne ponctuellement pour répondre aux questions des passants et prendre éventuellement des commandes



Merci à Alexandra qui a eu la gentillesse et la patience de répondre à mes questions !

Bravo, une fois encore à cette jeune génération qui s’engage, entreprend, et a résolument décidé de ne pas céder à la sinistrose et à la résignation.

"Lulu dans ma rue" répond à un vrai besoin ! C’est véritablement une belle aventure !



Louise Forestier