19 décembre 2018

Bénévolat : des domaines et des degrés d'implication très variés



    43 % d'adultes pratiqueraient en France une activité bénévole, soit quasiment 22 millions de personnes de 18 ans et plus ! Cette estimation émane du Centre de recherche sur les associations, qui a réalisé une enquête en juin 2017 avec l'institut de sondage CSA auprès de 5039 majeurs. Très impressionnant, ce résultat ne tient pourtant compte que du seul bénévolat formel, c'est-à-dire celui qui est effectué dans le cadre d'une organisation (associative ou pas). 
   Donnant de leur temps à un ou plusieurs organismes – le tiers des répondants déclarent au moins 2 participations différentes –, les bénévoles s'investissent dans des domaines variés. Le taux de participation le plus élevé (13,2 %) est observé dans la défense de droits, de causes et d'intérêts, souligne l'économiste Lionel Prouteau, responsable de cette recherche. Suivent l'action sociale et caritative (11,5 %), les loisirs (10 %), le sport (9,8 %), la culture (6,8 %), puis l'éducation et la formation (3,4 %). En queue de peloton : la santé (2 %) et le développement économique et local (0,7 %).

Le bénévole sportif et la bénévole d'action sociale et caritative

    Sous l'angle des champs dans lesquels ils s'engagent, il y a des différences nettes entre les bénévoles hommes et femmes. Tous domaines confondus, les hommes ont une propension à pratiquer le bénévolat supérieure à celle des femmes, explique Lionel Prouteau. "Mais, c'est avant tout le fruit de la forte participation masculine au bénévolat sportif", précise-t-il (14 % d'hommes et 6 % de femmes). Les hommes s'investissement également plus que les femmes sur le terrain des loisirs (11 % contre 9 %). C'est le contraire qui est observé dans le secteur de l'action sociale et caritative (13 % de femmes et 11 % d'hommes), ainsi que dans celui de l'éducation et de la formation (4 % de femmes, 2 % d'hommes). En revanche, il n'y a pas de différence notable entre les sexes pour ce qui est de l'investissement dans la défense de droits, causes et intérêts, dans la culture ou dans la santé.
    S'agissant de la répartition des intéressés selon l'âge, ce sont les moins de 45 ans chez qui le taux de participation au bénévolat sportif est le plus élevé, alors que le bénévolat d'action sociale et caritative atteint son maximum chez les 55-75 ans. C'est aussi chez les seniors que la défense des droits, causes ou intérêts est la plus forte. "Dans les autres domaines, aucun effet d'âge n'est évident", souligne Lionel Prouteau.
   Tous secteurs confondus, l'enquête met par ailleurs en lumière deux caractéristiques communes aux bénévoles : d'une part, une augmentation des taux de participation avec l'élévation du niveau de diplôme (sauf en ce qui concerne le bénévolat dans le domaine des loisirs) ; d'autre part, une plus forte pratique du bénévolat chez celles et ceux qui, lors de leur adolescence, avaient au moins un parent bénévole. Il y a parmi eux 59 % de bénévoles contre 37 % dans la population qui n'a pas eu cet exemple familial sous les yeux, ce qui "suggère nettement un phénomène de transmission intergénérationnelle des dispositions à s'engager", fait observer Lionel Prouteau.


Une minorité de gros contributeurs

    Les bénévoles consacrent en moyenne 100 à 111 heures par an à leur activité volontaire non rémunérée, mais pour la moitié d'entre eux, la durée ne dépasse pas 45 à 50 heures. En fait, une grande majorité du volume global du bénévolat est assurée par une minorité de pratiquants. Le tiers des plus gros contributeurs – parmi lesquels plus d'hommes que de femmes – est à l'origine de plus de 80 % du volume du bénévolat, tandis que l'apport du tiers des plus modestes n'en représente qu'entre 2 et 3 %. Cela relativise nettement l'indicateur établi en termes de taux de participation ou de nombre de bénévoles, note le responsable de l'étude. En effet, si le taux de participation bénévole calculé sur la population de 18 ans et plus est de 43 %, c'est moins de 15 % de cet effectif de référence qui réalise 83 à 84 % de l'ensemble du travail bénévole. 

Caroline Helfter

Voir Le bénévolat en France en 2017, état des lieux et tendances (octobre 2018), synthèse de l'exploitation de l'enquête Centre de recherche sur les associations-CSA (Synthèse-EnqueteCRA-CSA.pdf)



03 décembre 2018

Des réfugiés engagés...un enjeu pour leur intégration

Une information lue il y a quelques mois sur francetvinfo.fr a attiré notre attention. L'article signalait le recrutement, en juillet, de deux jeunes syriens réfugiés, Omar et Mohamed, en tant que volontaires de service civique dans une MJC de Nancy, afin de participer à l'organisation d'évènements sportifs, festifs et culturels. Le délégué interministériel chargé de l'accueil des réfugiés, Alain Régnier, était présent à la signature des contrats : "ces jeunes ont traversé des épreuves multiples, et à travers le service civique, c'est un engagement qui va leur permettre d'être insérés dans un tissu de proximité dans lequel ils vont mieux apprendre le français. C'est aussi un tremplin vers l'emploi, donc c'est tout bénéfice pour la société française et pour eux-mêmes"

Nous avons voulu en savoir davantage ! Omar et Mohamed étaient, en effet, les premiers bénéficiaires du programme Volont'R initié par la Délégation Interministérielle à l'Accueil et à l'Intégration des Réfugiés (DIAIR), en partenariat avec l'Agence du Service Civique

C'est par décret du 22 janvier 2018, qu'a été institué un délégué interministériel  à l'accueil et à l'intégration des réfugiés, à la suite duquel, une structure a été mise en place auprès du ministre de l'Intérieur, conformément au souhait exprimé par le président de la République en juin 2017.
Ses domaines d'intervention sont larges et concernent la maîtrise de la langue française, l'accès au logement, à l'emploi et à la formation professionnelle, à l'éducation et à la culture, aux droits, ainsi qu'une prise en charge sanitaire et sociale.
Ses missions : la coordination des acteurs concernés ainsi que le pilotage de la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l'intégration des personnes réfugiées. 
En partenariat avec l'Agence du Service civique, le programme Volont'R, lancé  officiellement le 26 octobre dans le cadre de la journée de mobilisation de la société civile dans l'accueil des réfugiés, organisée au CNAM, propose  à 1500 jeunes citoyens français, des missions en direction des réfugiés, et à 500 jeunes réfugiés, un engagement citoyen dans une mission de service civique adaptée afin de leur permettre une immersion dans la société française, et suivre un enseignement de la langue française.

Ce programme débutera effectivement en janvier 2019. Le recrutement d'Omar et de Mohamed a donc anticipé son instauration ! Il a d'ailleurs été suivi par différentes initiatives en ce sens.
Lancé le même jour, le programme Mento'R,  (dont les parrains sont Lambert Wilson et Virginie Lemoine) promeut,  par ailleurs, l'accompagnement tutoré pour les réfugiés et encourage les initiative locales.

Mais l'engagement des réfugiés  ne se limite pas à des missions de service civique, et nombreuses sont les associations qui ouvrent leurs portes à ces nouveaux candidats.
En effet, "s'investir bénévolement dans des associations peut être un moyen pour les migrants de participer à la société qui les accueille, d'en découvrir les rouages", ainsi que le soulignent des grandes associations promouvant le bénévolat : Benenova, France Bénévole, Passerelles et compétences, pro bono lab, Tous bénévoles (la Tribune du bénévolat 2017)
France Bénévolat, suite à la décision du conseil constitutionnel reconnaissant la fraternité comme principe constitutionnel, et comme conséquence de celui-ci, "salue l'engagement de toutes les associations qui confient des missions bénévoles à des migrants ou des réfugiés et font de leur participation à leur projet associatif, un acte de fraternité, au nom de l'idéal républicain"

L'association BENENOVA, qui développe des actions de bénévolat concrètes, courtes, ponctuelles et collectives, en mettant en relation des associations et des bénévoles, apporte son témoignage. Stéphanie Andrieux, fondatrice de l'association, expliquait récemment dans une interview à France Inter, que les réfugiés étaient de plus en plus nombreux à s'inscrire sur la plateforme. Pour elle, la participation à ces actions bénévoles est un moyen d'intégration actif et plus rapide, permettant d'apprendre le français sur le terrain et décrypter les codes de la société française, tout en se sentant utiles. 
L'association TOUS BENEVOLES (qui met également en relation des bénévoles et des associations),  reçoit aussi des demandes émanant de migrants (réfugiés ou non) souhaitant s'investir dans des missions bénévoles.

Un gisement précieux de bénévoles parmi les migrants à une époque où les associations peinent à recruter.

Louise FORESTIER

12 novembre 2018

L'engagement sociétal plébiscité par les lycéens



    Au cours des dernières décennies, on a souvent parlé de "bof génération" pour pointer un certain désenchantement de la jeunesse. Ce temps serait-il révolu ? C'est ce qui semble ressortir d'une enquête nationale sur le rapport des lycéens à l'engagement, dont la première vague de résultats a été rendue publique fin septembre. Cette étude a été réalisée par le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) au printemps dernier, auprès de 6603 élèves en classe de terminale dans des lycées publics ou privés d'enseignement général et technologique, d'enseignement professionnel ou des établissements polyvalents.
    Le crédit accordé par les lycéens aux institutions politiques est faible : seuls 22 % d'entre eux disent faire confiance au gouvernement et 12 % militent dans des associations politiques. Mais, les élèves de terminale ne se désintéressent pas pour autant de la vie de la cité. Ainsi, plus de 4 jeunes sur 10 (44 %) déclarent avoir participé en 2017-2018 ou au cours de leurs précédentes années de lycée à une association humanitaire et/ou de défense de l'environnement, les plus actifs à cet égard étant les jeunes scolarisés dans des lycées privés (52 % contre 42 % dans le public). 
    Les filles se montrent davantage concernées par les causes humanitaires (54 % contre 46 % de garçons), les jeunes gens le sont légèrement plus qu'elles par la défense de l'environnement (51 % contre 49 %). Les premières comme les seconds s'engagent significativement plus quand ils sont issus d'un milieu familial favorisé.

Quid pour l'avenir ?
    Il est bien sûr difficile de tirer des plans sur la comète, mais néanmoins réconfortant de voir 74% des élèves déclarer leur souhait de faire du bénévolat lorsqu'ils seront adultes. Les filles beaucoup plus que les garçons (83 % contre 66% d'entre eux). Pris dans leur ensemble, les lycéens les plus nombreux à se déclarer partants pour de futures activités bénévoles sont les élèves scolarisés en lycées d'enseignement général et technologique (79 %), suivis par ceux de lycées polyvalents (73 %) et enfin les jeunes de lycées professionnels (65 %). 
A contrario, une petite proportion de lycéens apparaît très en retrait en termes d'implication citoyenne. Il s'agit des 4 % d'élèves qui refusent toute idée d'engagement futur. Ce sont plus souvent des garçons que des filles, et surtout des élèves de lycées professionnels (11 % d'entre eux sont dans ce cas). 
    Un autre type d'élèves se montre moins investi que ses contemporains en termes d'intentions d'engagement citoyen, notamment de bénévolat : il s'agit des lycéens qui déclarent d'excellents résultats (soit 7 % des élèves de l'enquête du Cnesco). "Contre intuitivement, pour cette élite scolaire, les perspectives déclarées de participation civique s'établissent à des niveaux faibles, similaires à ceux des élèves qui affirment présenter des résultats mauvais", explique Nathalie Mons, présidente du Cnesco. 
    Le constat que les publics scolaires socialement défavorisés tout comme les meilleurs élèves mettent à distance l'utilité de l'engagement citoyen doit appeler une attention particulière de l'école, estime la sociologue, soulignant que ce sont principalement les engagements à l'âge scolaire qui fondent les engagements civiques à l'âge adulte.
Caroline Helfter

Pour en savoir plus

 

12 octobre 2018

Associations, engagement..... des questionnements.

En bref....

Le cri d'alarme des associations (1)

Outre la baisse de l'emploi salarié constaté dans les associations en raison, notamment, de la diminution progressive des emplois aidés, des associations, et non des moindres, lancent un cri d'alarme en constatant l'impact de la suppression de l'ISF sur les dons. Pour Patrice Blanc, président des Restos du Cœur, cette suppression a entraîné une chute de 70% des dons, soit une baisse du budget de 800.000€.L'Institut Pasteur, quant à lui, lance un appel à ses donateurs, les dons représentant 1/3 du budget. Cette tendance "en chute libre" est confirmée par Pierre Siquier, président de France Générosités qui regroupe une centaine d'associations (Fondation Abbé Pierre, MSF, Ligue contre le cancer....)
Si l'intérêt fiscal n'est pas modifié (déduction de 75% du montant des dons à certains organismes), le nombre d'assujettis à l'impôt sur l'immobilier qui demeure, ne concernera qu'un nombre restreint de donateurs potentiels, trois fois moins que ceux qui étaient redevables de l'ISF.
Jean-François Chambon, directeur de la communication de l'Institut Pasteur, estime ainsi que la perte d'élèvera à 60% par rapport à 2017. Le constat est le même pour la Croix Rouge dont la perte est estimée à 50% des dons liés à l'ISF
Pierre Siquier assure que la fin de l'ISF "a entraîné, en moyenne, une diminution de 55% des dons des plus fortunés" à destination des associations membres de France Générosités

Outre la suppression de l'ISF, les associations craignent également que l'augmentation de la CSG pour les retraités n'ait un impact négatif sur les dons . "La grande majorité des dons faits aux associations viennent de personnes âgées de plus de 65 ans. Chez nous, elles représentent environ 60% des donateurs"..."il est certain que toute mesure fiscale défavoravle aux retraités aura un impact sur les dons"(François Riffaud, directeur de la communication d'Action contre la faim)

Les associations pointent également l'impact psychologique négatif que pourrait avoir le prélèvement à la source, la perception  du pouvoir d'achat paraissant plus faible. (Jean-François Riffaud d'ACF)

Bénévolat, engagement

RSA contre bénévolat
Après la polémique suscitée en 2016 par l'initiative du département du Haut-Rhin de conditionner l'octroi du RSA à des heures de bénévolat, après  de  nombreuses réactions hostiles du monde associatif reprises par la ministre de l'époque et une procédure lancée par le préfet devant la juridiction administrative, le Conseil d'Etat, jugeant en appel, a finalement admis que si le contrat conclu entre le département et le bénéficiaire du RSA est "élaboré de façon personnalisée", il peut "prévoir légalement des actions de bénévolat à condition qu'elles puissent contribuer à une meilleure insertion professionnelle du bénéficiaire et restent compatibles avec la recherche d'un emploi" 
L'affaire a de nouveau été renvoyée par le Conseil d'Etat vers la cour d'Appel de Nancy. Sans attendre la conclusion judiciaire de cette affaire, l'actuelle présidente du conseil départemental, Brigitte Klinkert a fait savoir que 800 contrats avaient été signés avec des allocataires depuis fin 2017 (pour 7 heures de  bénévolat par semaine), le caractère obligatoire devenant peu à peu la règle.

Ce dossier n'a pas fini de faire polémique, l'arrêt du Conseil d'Etat bousculant quelque peu la notion même de bénévolat basé sur le "bon vouloir".
Certaines associations refusent purement et simplement ce type de "bénévolat" qu'elles assimilent à du travail dissimulé. D'autres reconnaissent l'apport positif en vue d'une réinsertion, mais réclament que le caractère obligatoire soit nettement écarté.

Rappelons que la plupart des pays européens qui ont un système d'aide sociale de type RSA sont beaucoup plus contraignants en termes de recherche d'emploi et de bénévolat. De façon générale, en Europe, la tendance est donc au travail, en échange du maintien des indemnités sociales équivalentes au RSA.

Principe de fraternité contre délit de solidarité
Le Conseil constitutionnel, dans une décision du 6 juillet dernier, en réponse, notamment, à Cédric Herrou, agriculteur condamné pour avoir aidé des migrants dans la vallée de la Roya, appuyé par la CIMADE et la Ligue des droits de l'Homme, a jugé pour la première fois que la fraternité est un principe à valeur constitutionnelle, dans la mesure où il s'agit d'une aide humanitaire, désintéressée, sans considération de la régularité du séjour sur le territoire national.  Cette décision met donc fin au "délit de solidarité" décrié par les associations d'aide aux migrants.

Dans une tribune au Monde du 12 juillet 2018, Emmanuel Aubin, professeur à l’université de Poitiers, rappelle : « ayant rejoint l’égalité et la liberté pour former, depuis 1848, la devise nationale, la fraternité est passée, le 6 juillet, d’une dimension philosophico-politique au rang de norme juridique. La décision est historique et redonne du lustre à la fraternité qui semblait être diluée dans la solidarité nationale ».

Le service national universel, promoteur du service civique ?
Le gouvernement a annoncé qu'il allait progressivement mettre en place, à partir de l'été 2019, un service national universel (SNU) composé d'une première phase obligatoire d'un mois vers l'âge de 16 ans, puis d'une éventuelle mission facultative de trois à douze mois "pour ceux qui ont envie de s'engager davantage encore".
Pour Yannick Blanc, président de l'Agence du service civique, cette annonce constitue une "perspective de développement supplémentaire" pour le service civique dont le nombre de volontaires devrait atteindre 150.000 en 2018.  En effet, lors de la journée de bilan autour du rapport d'activité 2017, il avait exprimé le souhait que le service civique soit maintenu et devienne le "navire amiral" du futur SNU. Le souhait semble exaucé !  


Louise Forestier

(1) Franceinfo.tv du 28/09/18

29 septembre 2018

Polémiques sur le Service Civique

Alors que l'Agence du service civique s'attelle à promouvoir "Le Pouvoir d'être utile" – thème de sa campagne de communication de rentrée –, Julien Brygo et Olivier Cyran, journalistes indépendants, rompent l'unanimisme ambiant en faveur de ce type d'engagement. Dans le chapitre de leur livre Boulots de merde ! (La Découverte Poche, septembre 2018, 10,50 €) qu'ils consacrent au service civique, les auteurs dénoncent d'un même mouvement le contenu dénué de sens de certaines activités confiées aux volontaires et l'utilisation abusive de main d'œuvre au rabais en lieu et place de "vrais" salariés.
Certes, la mise en cause de l'intérêt des tâches remplies par les volontaires est certainement très minoritaire. Ainsi, selon l'étude post mission 2017 réalisée par l’Agence du service Civique, 9 jeunes sur 10 se déclarent satisfaits ou très satisfaits de la fonction qu'ils ont occupée. Ce n'est pas le cas des deux Dunkerquois, dont Brygo et Cyran rapportent les propos dans leur enquête à charge. Eux ont eu la nette impression que leur rôle ne rimait à rien. Stéphanie, 22 ans, et Mike, 19 ans, étaient chargés de faire du porte-à-porte dans des quartiers très pauvres de Dunkerque pour prêcher le développement durable. L'idée était de proposer des éco-gestes aux habitants pour faire baisser leurs factures d'eau et d'électricité (fermer le robinet quand ils se brossent les dents, dégivrer leur frigo de temps en temps, ne pas oublier d'éteindre la lumière,....). Mais, a-t-on besoin de volontaires pour faire passer ces messages ? "Les gens, ils savent ça !", répond Mike, dégoûté. A force de portes qui lui ont été claquées au nez, Mike a nourri une répugnance souveraine pour cette mission. "Ils nous ont vendu du rêve, en nous disant qu'on allait vivre une expérience inoubliable. (...) L'image du service civique est belle, mais le contenu est faux", estime le jeune homme. Toutefois, il reconnaît avoir complétement révisé son jugement quand, par la suite, il a changé de mission. Mike ne cache pas le plaisir alors pris à rencontrer des personnes âgées dans une maison de retraite. Leur parler, entendre leur histoire, les voir aller mieux parce qu'on est là, "là, je me sentais utile", témoigne-t-il.

En matière de service civique, cependant, tout n'est pas qu'une question d'utilité – ou de ressenti tel. Fins connaisseurs de la précarité qui est aussi la caractéristique de leur condition de pigistes, les auteurs ouvrent plus largement le débat sur ce volontariat comme "gisement bien commode pour combler les manques et les trous dans les institutions publiques ou sociales". Les sages de la Cour des comptes partagent cette inquiétude. Dans leur rapport 2018, ils mettent en cause "des situations contestables", telles celles de "volontaires placés au contact du public dans les services des préfectures et recevant des étrangers", ou de "volontaires à Pôle emploi chargés de tâches normalement réservées aux agents". Dans le secteur associatif, ajoutent-ils, "la tentation est grande pour une structure de recourir à ces jeunes dont le coût est faible, voire nul, en lieu et place d’un salarié ou d’un bénévole".

 
Caroline Helfter 

 

17 septembre 2018

Bénévolat : à chacun-e, ses motivations


Convivialité ou solidarité ? Il n'y a pas à choisir : tous les chemins peuvent mener au bénévolat ! Tel est l'enseignement d'un sondage réalisé en avril dernier par Webassoc, communauté de professionnels du web aidant – bénévolement – les associations humanitaires, caritatives et environnementales à se renforcer avec Internet.






                                                                Crédits Lorelei Lebuhotel

Pour les répondants – 457 au total, dont 69 % de femmes –, le principal motif d'engagement est de participer à un monde plus solidaire (surtout mis en avant par les plus de 25 ans), puis de donner du sens à sa vie et/ou à ses compétences (essentiellement chez les plus jeunes) et, en troisième lieu, d'être utile aux plus fragiles (chez les plus de 60 ans).

Sous l'angle de ces motivations, il n'y a pas de grosses différences entre les femmes et les hommes. En revanche, les ressorts d'ordre professionnel (ajouter une ligne valorisante à son CV) ou liés à la sociabilité (rencontrer des personnes partageant ses valeurs, contribuer à un projet commun) sont nettement plus souvent avancés par les femmes que par leurs homologues masculins. Hésiteraient-ils à se confier ? De fait, si toutes les raisons sont bonnes pour être bénévole, il en est de plus ou moins faciles à reconnaître... A cet égard, outre la possibilité d'ajouter une ligne à son CV, les plus fréquentes motivations jugées inavouables sont "avoir des choses à raconter pendant son chômage", "se donner bonne conscience" et "boire des bières en bonne compagnie". Ce dernier item, ajouté au sondage à la demande des réseaux sociaux, représente une motivation pour près d'un quart des répondants...

Une autre notion a été évoquée spontanément par les enquêtés : celle de joie. La joie de donner, de partager, de rencontrer, apparaît comme le résultat évident de l'engagement et en devient l'un des principaux mobiles, soulignent les auteurs de l'enquête.

Caroline Helfter

Source : Webassoc
https://www.webassoc.fr/webassoc/nos-actions/prix/sondage-benevolat/
 

08 août 2018

Générosité sonnante et trébuchante


         

Payer de sa personne au travers d'activités bénévoles n'est pas la seule façon de mettre en œuvre ses qualités de cœur. Dons, mécénat, legs, collectes, quêtes, financement participatif : il existe de multiples manières sonnantes et trébuchantes de manifester sa solidarité. L'Observatoire de la philanthropie de la Fondation de France en a établi un chiffrage inédit. Cette première édition du Panorama national des générosités estime au minimum à 7,5 milliards d'euros le montant total de l'engagement des Français en 2015, exception faite du bénévolat et des dons entre personnes. 61 % de ce montant émane de particuliers. "Les donateurs prennent conscience qu'ils peuvent jouer un rôle aux côtés de la puissance publique dans la prise en charge de l'intérêt général", souligne Laurence de Nervaux, responsable de l'Observatoire de la philanthropie. De fait, pointent les auteurs de l'étude, non seulement les besoins sont importants – par exemple dans le domaine de l'aide aux populations vulnérables, du soutien à la recherche médicale ou de la préservation de l'environnement –, mais surtout la philanthropie a le pouvoir d'agir différemment, en étant plus agile pour lancer des expérimentations et apporter de nouvelles réponses.

       Les donateurs sont encouragés à s'engager financièrement au profit de la collectivité par les possibilités de déductions fiscales. Ainsi, 5,7 millions de foyers fiscaux ont déclaré des dons en 2015, soit 15 % des foyers imposables. Le montant de ces dons déclarés est en nette croissance : 2,62 milliards d'euros au titre de l'impôt sur le revenu, soit une augmentation de 70 % depuis 2006. Cette progression résulte de l'augmentation du nombre de foyers déclarant des dons (+ 20 %) et surtout de l'augmentation du don moyen (+ 44 %). De son côté, la déduction fiscale au titre de l'impôt de solidarité sur la fortune a été le fait de 49 000 foyers pour un total de 243 millions d'euros, soit près de 9 % du montant total des dons déclarés par les particuliers.
         Pour sa part, le montant total du mécénat d'entreprise est estimé à 2,9 milliards d'euros. Plus de 61 000 entreprises sont concernées. Ce sont les petites et les moyennes qui sont les plus nombreuses à investir le domaine de l'intérêt général : le montant du mécénat déclaré par les entreprises de 1 à 100 salariés est passé de 91 à 194 millions d'euros entre 2000 et 2015.
 
         Quant aux legs, qui ne donnent pas lieu à une déduction fiscale, l'étude estime leur montant total à près d'1 milliard d'euros. Près de 50 % des legs sont au bénéfice de fondations reconnues d'utilité publique, comme la Fondation de France. Les trois causes qui mobilisent le plus souvent les testateurs sont la recherche médicale (23 %), l'éducation (13 %) et la solidarité (13 %).


 Caroline Helfter

07 juillet 2018

Surfer vers l'engagement

 
Plateforme de mise en relation entre candidats au bénévolat et organisations en quête de volontaires, l'association Tous bénévoles a réalisé une étude pour mieux cerner les attentes des utilisateurs de son site – soit quelques 750 000 visiteurs par an. 1157 d'entre eux ont été interrogés en 2016. Ont-ils ou non une idée précise de ce qu’ils viennent chercher ? Veulent-ils prioritairement consulter les offres ou être accompagnés dans leur recherche ? Quel type de missions souhaitent-ils remplir ?

Des urbaines jeunes et actives

Premier enseignement de cette enquête : trois-quarts des personnes qui utilisent internet pour trouver une opportunité d'engagement sont des femmes (74 %). L'association avance deux raisons pour expliquer cette massive représentation féminine : d'une part, de nombreuses femmes préfèreraient une mise en relation numérique, car elles ont le sentiment d'être mal accueillies dans les associations ; d'autre part, les projets très précis et assez souvent limités dans le temps que les intéressées peuvent trouver sur internet correspondraient mieux à leurs attentes.

En ce qui concerne leur âge, les candidat-e-s au bénévolat se répartissent équitablement en deux moitiés respectivement situées en deçà et au delà de 35 ans. Il y a une différence notable à cet égard dans la répartition femmes- hommes : les premières sont plus jeunes et plus souvent étudiantes (24 % contre 14 % d'étudiants) ou salariées (32 % contre 26 % d'hommes) ; ces derniers sont plus âgés et plus souvent retraités (27 % contre 19 % des femmes).

Enfin, s'agissant de leur lieu de résidence, les personnes qui utilisent la plate-forte Tousbenevoles.org sont près de 9 fois sur 10 des urbains : 51 % habitent une ville de plus de 200 000 habitants, 35 % une ville de moindre importance. Symétriquement, seuls 14 % des surfeurs vivent en zone rurale. Problème de mauvaise couverture par internet ou de plus grande proximité physique des ruraux avec le tissu associatif local ? Les deux hypothèses se défendent.

Les missions recherchées

48 % des personnes qui viennent sur le site de Tous Bénévoles ont une idée précise de la mission qu'elles visent, 34 % préfèrent réagir aux offres des associations, seules 19 % escomptent un accompagnement dans leur recherche. "L’intérêt de l’outil numérique pour faciliter les mises en relation n’est donc plus à démontrer : il suffit d’emblée à 80% des visiteurs", soulignent les auteurs de l'étude, qui pointent néanmoins l'importance du rôle d'intermédiation à jouer auprès des utilisateurs-trices ayant besoin d'être guidé-e-s.

   Les visiteuses du site les plus jeunes (étudiantes et salariées) souhaitent des missions courtes : quelques heures le soir et le week-end, ou quelques jours en soirée ou pendant leurs vacances. Ces jeunes femmes visent prioritairement la participation à des actions concrètes sur le terrain (animation, distribution, accompagnement, ...), l'organisation d'événements ou la conduite de projets. Symétriquement, les personnes voulant s'investir dans des missions régulières sont plus âgées – plus de 46 ans. Ce sont plus souvent des hommes (indépendants, retraités ou en recherche d'emploi), qui vivent à la campagne et sont désireux d'exercer des responsabilités. Ils viennent d'ailleurs fréquemment sur le site avec une idée précise de la mission qu'ils recherchent, à la différence des jeunes femmes, plus soucieuses qu'eux d'être accompagnées pour concrétiser leur désir d'engagement.

 
Caroline Helfter

 
Pour en savoir plus, voir "La France bénévole 2018. Franchir le pas", étude de Recherches et solidarités réalisée sous la direction de Cécile Bazin, Isabelle Persoz et Jacques Malet. https://recherches-solidarites.org/wp-content/uploads/2018/04/La-France-benevole-02-05-2018.pdf
 

08 juin 2018

OpenAsso, une plateforme collaborative au service du monde associatif

Le 4 juin dernier, était organisée la soirée de lancement et de présentation d'OpenAsso, la plateforme collaborative du monde associatif.

Le constat
D'après Recherches et Solidarités, la France compte environ 1,3 millions d'associations, des grandes, des moyennes, des petites, qui "produisent" 3,5% du PIB français et interviennent dans des domaines très variés. Près de 70.000 associations se créent chaque année. Par ailleurs, 13 millions de français donnent de leur temps pour mener à bien les projets associatifs.
Toutes les associations, animées en grande partie par des bénévoles, ne disposent pas toujours, loin s'en faut, des réponses aux questions de toutes sortes qu'elles se posent dans leur gestion et leur fonctionnement au quotidien, mais aussi dans leurs choix d'organisation, et elles ne disposent pas d'espace et d'outils leur permettant d'échanger des informations et des conseils avec d'autres acteurs associatifs.

Ce manque est comblé avec OpenAsso ! Les associations disposent désormais d'un service gratuit leur permettant de poser des questions et d'obtenir des réponses fournies pas d'autres associations ou des experts.
"En ces temps quelque peu tourmentés pour les associations, leur avenir repose en partie sur leur entraide et la coopération" (Pascal Loviconi, fondateur d'Accointance)

De quoi s'agit-il ?
Fondée à l'initiative d'AssoConnect (1) Solidatech(2) et Recherches § Solidarités(3), la plateforme regroupe un grand nombre de partenaires qui apportent, chacun, leur expérience et leur savoir faire, et répondent aux questions posées par les associations. Parmi eux, la Ligue de l'Enseignement (30.000 associations), Animafac (étudiants et jeunes), le Mouvement Associatif (fédération de fédérations d'associations), Tous Bénévoles (relations associations-bénévoles) , Accointance (conseil et formation en financements associatifs), Fidal (plus grand cabinet d'avocats d'affaires français)... (la liste entière est à consulter sur le lien en bas de page). A ces partenaires, s'ajoute une cinquantaine d'experts sur des thématiques précises telles que "expertise comptable", "fundraising"...

Claire Dubien, responsable du développement de Solidatech résume en ces termes la philosophie et l'objectif poursuivis : "il manquait un espace d'échange entre associations pour qu'elles puissent partager leurs expériences et s'entraider dans la construction de leurs projets associatifs, une solution numérique nous semblait être la meilleure réponse pour s'affranchir des contraintes géographiques et logistiques" 

Comment ça marche ?
Pour devenir membre de la communauté, il suffit de créer un compte (c'est gratuit !) et ainsi, avoir accès à un espace de questions/réponses, sous forme d'échanges, et disposer d'un grand nombre d'informations et de conseils fournis pas les associations, les partenaires et les experts.


Le lien ci-dessous est la meilleure façon d'appréhender et de comprendre le fonctionnement de celle-ci.  
 https://www.openasso.org/page/305469-accueil

 

Louise Forestier


(1) AssoConnect est une société qui développe une plateforme d'outils en ligne destinés aux associations afin de leur fournir, à des "tarifs solidaires", les logiciels adaptés à leur gestion au quotidien, en fonction de leur domaine d'activité (sport, culture, défense des droits, éducation, etc...)
(2)Solidatech, quant à elle, propose des logiciels, équipements informatiques et formations, là aussi à des "tarifs solidaires"
(3) Recherches § Solidarités est un réseau associatif d'experts qui publie des études, des statistiques, des analyses sur toutes les formes de solidarité.

18 mai 2018

Rêv'Elles : rêver grand et se lancer

En cette fin d'après-midi caniculaire, une centaine de personnes sont rassemblées à Paris dans une atmosphère survoltée. Elles se retrouvent ce vendredi 20 avril au Conseil régional d'Ile-de-France pour célébrer la clôture d'un stage intitulé : "Rêv'Elles ton potentiel". Trente jeunes filles, âgées de 16,5 ans en moyenne, y ont consacré leur première semaine de vacances scolaires. Il s'agit d'une formation mixant dynamique de groupe et développement personnel, destinée à permettre aux intéressées de faire émerger leurs rêves d'avenir, de se révéler à elles-mêmes leurs principales forces et qualités, et de puiser l'énergie, les informations et les contacts nécessaires à la mise en branle des futurs envisagés.



Photo Dilan Pozza
La session qui prend fin ce jour-là est la 13e de ce type organisée depuis 2013. Module innovant d'aide à l'orientation scolaire et professionnelle transposé d'une expérience britannique, il a été mis en place par l'association Rêv'Elles à l'intention de jeunes Franciliennes de 14 à 22 ans vivant dans des quartiers prioritaires. Pourquoi elles ? Parce qu'"aux obstacles socio-culturels auxquels se heurtent tous les enfants issus de milieux modestes, s'ajoutent, pour les jeunes filles, l'auto-censure et une certaine pudeur de l'ambition", répond Athina Marmorat, fondatrice de Rêv'Elles. Et d'enfoncer le clou : "dans une société qui a appris à s'accommoder des inégalités entre les genres et où les modèles féminins de réussite se font trop rares ou trop discrets, les jeunes filles ont besoin qu'on leur redonne de l'espoir".

Mo-ti-vées !
A écouter les adolescentes de la promotion Joséphine Baker – comme à l'Ena, les stagiaires de Rêv'Elles baptisent leur groupe, mais en se rangeant bien sûr toujours, quant à elles, sous la bannière d'une femme –, Athina Marmorat a gagné son pari. Les jeunes filles réunies sont visiblement gonflées à bloc, pleines d'optimisme et d'envie d'en découdre avec la vie. Comme la slameuse Diariata N'Diaye, dont elles reprennent le refrain à tue-tête, les stagiaires se revendiquent "femmes libres et indépendantes". Ce sont aussi des femmes extrêmement motivées, ce qu'a démontré, toute la semaine, la ponctualité de Franciliennes souvent obligées de se lever très tôt pour rallier la capitale malgré la distance et les grèves de cheminots. Ainsi Yousra, 15 ans, qui habite la Seine-Saint-Denis, devait se réveiller à 5h30 pour se rendre dans le 13e arrondissement de Paris où le stage avait lieu. Accessoirement, il a aussi fallu que l'adolescente se familiarise avec l'utilisation des transports en commun. Mission accomplie : "maintenant, elle sait aller seule à Paris, c'est formidable !", se réjouit sa maman.



Athina Marmorat (au micro).  Photo Fabrice Viotty
Les grandes découvertes
En arrivant, les stagiaires marchent un peu sur des œufs. "On ne sait pas du tout dans quoi on s'embarque, témoigne Emilie. L'aventure s'avère visiblement féconde. Ce que les jeunes filles découvrent, au fil de la semaine, c'est d'abord elles-mêmes. "J'avais très peur de grandir, j'ai gagné beaucoup de confiance pour l'avenir", déclare Emilie. "J'ai grandi et je me suis regardée d'un œil nouveau", complète Ange. Et Lina de rebondir : "j'ai appris beaucoup sur moi, sur les autres et surtout sur le métier que je veux faire ".

Pendant les trois premiers jours, les adolescentes alternent ateliers collectifs et séances de coaching individuel visant précisément à les aider à mieux se connaître et à fortifier leur estime d'elles-mêmes, à développer leurs facultés d'expression, à élargir et mieux cerner leurs aspirations professionnelles. Le jeudi, on sort des murs pour se confronter à la réalité du monde du travail : le groupe dédoublé est allé passer la journée dans deux grosses entreprises, le cabinet d'audit KPMG et la multinationale de la chimie Dow Chemical. Repérage des métiers exercés dans ces entreprises, échanges avec des salariées et brèves simulations d'entretiens de recrutement avec des professionnelles des ressources humaines : cette immersion dans un univers aux codes inconnus ouvre aux jeunes filles des horizons qui ne le sont pas moins et peut même susciter des vocations. Le vendredi, enfin, point d'orgue de ce parcours : les stagiaires rencontrent des femmes actives aux profils variés – architectes, créatrices d'entreprise, femmes politiques, etc. –, à qui elles exposent leur projet d'orientation professionnelle ou un projet plus général de vie, et qui s'ouvrent à elles de leur propre itinéraire. Baptisées "rôles modèles", ces aînées tendent à leurs cadettes un kaléidoscope irisé d'images d'identification positive. 

Des femmes inspirantes
Flavie Maurat, directrice des achats chez Atos, géant mondial de services du numérique, fait partie de ces femmes inspirantes prêtes à donner de leur temps pour conseiller et stimuler la génération montante. "L'approche s'inscrit bien dans ma volonté d'aider, de transmettre, qui plus est à des jeunes filles, donc à un public pour lequel mon expérience en tant que femme peut être bénéfique", explique Flavie Maurat. "Le but est d'échanger avec les jeunes et de répondre à leurs questions par rapport à leurs envies d'orientation, de voir aussi si, dans nos réseaux, on peut les connecter à des gens susceptibles de leur être utiles", ajoute Flavie Maurat. D'ailleurs elle-même, dont c'est la première participation à un stage Rêv'Elles, a donné son mail personnel à une adolescente qui souhaite embrasser une carrière commerciale. Plus ancienne dans la démarche, Nezha Kandoussi, linguiste et agente de designers et d'artistes, a déjà eu l'occasion d'accompagner quelques jeunes filles dans la durée. Par exemple en leur organisant des rencontres avec des designers, ou en coachant de façon assez rapprochée une adolescente en échec scolaire, qui était intéressée par les langues étrangères, mais ne savait pas dans quelle profession se lancer pour tirer parti de cet intérêt. "Nous avons un système qui est toujours dans l'acquisition de connaissances, alors qu'elles sont aujourd'hui à portée de main", analyse Nezha Kandoussi. "Ce qu'il faut développer, c'est le savoir-être. On doit chercher à mettre en phase des vocations et des métiers, plutôt que simplement inscrire les gens dans des cases et les faire entrer dans des boîtes, au sens propre comme au sens figuré".
 
Et après ?
Depuis 2013, 373 jeunes filles ont bénéficié d'un stage "Rêv'Elles ton potentiel", proposé trois fois par an. Aiguillées vers cette formation par le milieu associatif ou scolaire, ainsi que par les médias, les réseaux sociaux ou le bouche-à-oreille, les candidates sont plus nombreuses que les places. D'où une sélection faite sur des critères sociaux et sur leur motivation. Lors du stage d'avril, Flavie Maurat a identifié deux catégories de participantes : de très bonnes élèves qui manquent de confiance en elles et des jeunes filles en situation de décrochage scolaire, qui ont besoin de faire le point. Que deviennent les stagiaires une fois la session achevée et l'enthousiasme groupal dissipé ? Pour que le soufflé ne retombe pas, les jeunes filles bénéficient d'un an d'accompagnement au travers de deux ateliers collectifs et deux séances de suivi individuel. Elles peuvent aussi participer à différentes activités organisées par l'association – visites pédagogiques, sorties culturelles ou cafés-débats sur des problématiques liées au pouvoir d'agir au féminin.

Document remis aux participantes à la fin du stage

Nawel, a participé il y a trois ans à un parcours Rêv'Elles. Alors âgée de 20 ans, elle avait arrêté ses études et enchaînait les petits boulots. "Je ne savais pas quel chemin prendre – ni s'il y avait vraiment un chemin pour moi", confie-t-elle. Le stage lui a permis de trouver sa voie, assure la jeune femme qui termine un master 2 de gestion des entreprises et veut créer la sienne. "J'ai compris l'importance de faire ce que l'on veut faire, de s'en donner les moyens et de ne rien lâcher. J'ai aussi compris que si je ne me bougeais pas, personne ne le ferait à ma place", souligne-t-elle. La formation Rêv'Elles est "une chance inouïe pour les jeunes filles", commente Jamila Abidi, mère de deux adolescentes qui en ont bénéficié. "Dommage que ça n'existe pas pour les garçons. Ni pour les mamans....".
Caroline Helfter

06 mai 2018

Bénévolat, associations : infos, actualités

En voyageant sur le web...


Une bonne nouvelle : Le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé le 16 avril dernier, l'attribution du label "grande cause nationale" pour 2018 à la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) qui regroupe des associations luttant contre les violences faites aux femmes. Ce label, qui existe depuis 1977, accorde  le droit d'obtenir "des diffusions gracieuses de campagnes d'information et de communication sur les radios et télévisions publiques"

Du nouveau pour les "aidants": la loi n° 2018-84 du 13 février 2018, crée un dispositif de don de jours de repos non pris au bénéfice des proches aidants de personnes en perte d'autonomie ou présentant un handicap. Ce dispositif est calqué sur celui déjà ouvert au bénéfice des parents d'un enfant gravement malade. Il s'ajoute au dispositif existant de "congé de proche aidant" non rémunéré. Avec le don de jours de repos non pris par un salarié, le bénéficiaire voit sa rémunération maintenue.

Bénévolat à la carte, une tendance qui se confirme : (Recherches et solidarités). C'est un type de bénévolat qui se développe de plus en plus, notamment chez les jeunes de moins de 35 ans, soit parce qu'ils manquent de temps, soit parce qu'ils sont davantage intéressés par un projet précis plutôt que par une cause ou une association.
Cela permet de ne pas s'engager sur du long terme sans avoir la certitude de persévérer, de tester son appétence pour l'action bénévole, de renouveler son intérêt et son énergie vers des projets diversifiés et de ne pas tomber dans la routine. Mais ne peut-on craindre un certain "éparpillement" ?

Une réflexion sur la crise du monde associatif : Pour soutenir le monde associatif en crise (difficultés de recrutement des actifs, suppression de la réserve parlementaire, subventions à la baisse, suppression progressive des contrats aidés), Julien Dive (député LR de la seconde circonscription de l'Aisne), dans son blog, émet trois suggestions :
  • valoriser l'engagement bénévole par la création d'un statut du  bénévole associatif qui ouvrirait l'accès à un certain nombre de droits, comme des droits à la retraite (une proposition de loi en ce sens a d'ailleurs été déposée par Julien Dive)
  • faciliter les aménagements du temps de travail pour les salariés qui ont un engagement citoyen et solidaire, à négocier avec l'employeur,
  • aider les associations au recrutement en créant un "contrat associatif" défiscalisé de charges
La fin de la réserve parlementaire :  (Le Monde du 6 mars 2018). Des députés LREM (notamment Bruno Bonnell, député du Rhône et Jean-Baptiste Djebbari, député de la Haute-Vienne) s'activent pour y pallier en se tournant désormais vers des entreprises. Cette réserve de 130.000 € dont disposaient les députés et à laquelle, parfois à juste titre, il était reproché, outre son manque de transparence, de favoriser un certain clientélisme, était néanmoins utilisée, dans bien des cas, à apporter un "coup de pouce" à des associations.
L'objectif est de "s'appuyer sur le mécénat d'entreprise" par la création de plates-formes (Cœur Villeurbanne, par exemple, association créée par Bruno Bonnell) pour susciter une levée de fonds afin d'aider des projets et également "de proposer la mise à disposition par les entreprises, de compétences  ou de locaux qui pourraient héberger des associations".
Des réserves sont cependant émises par certaines ONG de lutte contre la corruption. Elise Foucraut de Tranparency International, souligne "qu'il ne faudrait pas que ces plates-formes reproduisent les griefs qu'on pouvait formuler à l'encontre de la réserve parlementaire", le député demeurant finalement au centre du dispositif. Jean-Christophe Picard, président d'Anticor, quant à lui, note que "c'est un peu moins choquant que la réserve parce que ce n'est pas de l'argent public, mais ça ressemble à du clientélisme" et que le risque des "retours d'ascenseur" soient attendus par les investisseurs et que "l'élu se transforme en obligé de tous ceux qui vont l'aider à trouver des fonds"
Affaire  à suivre, donc, qui n'a pas fini de faire débat....

Benevolt, un site spécialisé pour les jeunes seniors : Ce site de mise en relation entre bénévoles et associations, s'adresse exclusivement aux "jeunes seniors" à partir de 55 ans. Pour le moment, son rayon d'action se situe dans l'ouest de la France (initiative nantaise), mais à moyen terme, le site souhaite se développer en Ile de France puis dans la France entière. Son objectif pour 2018 : 1000 associations inscrites.
ViensVoirMonTaf : C'est une association créée en 2015 par trois jeunes femmes au parcours riche et quelque peu atypique, qui aide les élèves de 3è des collèges REP à trouver un stage, 2/3 d'entre eux n'ayant aucun "piston", aucun réseau (familial notamment) qui puisse les aider. Elle se définit comme "le réseau des jeunes sans réseau". 300 stages ont pu être offerts en 2017. L'association ouvre prochainement une antenne à Marseille.
Aide au permis de conduire : Un peu partout en France, de plus en plus de municipalités proposent une aide financière au financement de leur permis de conduire, à des jeunes qui s'engagent bénévolement dans une association, dans un service municipal ou encore présentent un projet citoyen qui aura retenu l'attention. Un budget est alloué chaque année à ce dispositif. Un jury examine le profil et la motivation des candidats et désigne ainsi ceux qui seront bénéficiaires. Un partenariat est conclu avec les auto-écoles de la ville.
L'idée qui présidait, au départ, était de favoriser l'accès à l'emploi de jeunes de zones rurales en leur ouvrant la voie vers une autonomie de déplacement. Ce dispositif dépasse aujourd'hui les zones rurales. Il est conseillé d'appeler les services de la mairie de résidence pour savoir si ce type de dispositif existe.

Le mouvement associatif s'engage pour la parité : il a signé le 8 mars dernier, à l'occasion de la journée des droits des femmes, un engagement à :
  • atteindre la parité dans ses instances d gouvernance d'ici à 2020,
  • promouvoir cet objectif auprès de ses membres,
  • engager des actions en faveur de son atteinte dans les délais fixés.
Une affaire à suivre : le service national universel : Le groupe de travail chargé de définir les contours du futur service national universel (SNU) a rendu son rapport à Emmanuel Macron fin avril. Il préconise un service obligatoire d'un mois pour tous les jeunes à partir de 16 ans. En réponse, des associations appellent à maintenir et renforcer le service civique existant qui a remporté un vif succès car il est "une véritable expérience pratique de la fraternité", il s'adapte " aux envies d'implication des jeunes français au service de l'intérêt général", permet aux associations et services publics "de pouvoir démultiplier leurs actions par la mobilisation de jeunes aux compétences variées" et à des jeunes "de se sentir appartenir à la communauté nationale pour la première fois". Les associations invitent donc le président de la République à confirmer, dans le cadre des annonces à venir "son engagement à poursuivre le développement massif du service civique"(JDD.fr du 29 avril dernier)
L'opposition, quant à elle, dénonce le "flou" du projet et son coût (Le Point.fr du 30 avril dernier)
Des arbitrages doivent être rendus courant mai.

Louise Forestier

18 avril 2018

Partager son expérience

Conjuguer son désir d'engagement avec ses connaissances et savoir-faire pour contribuer au développement d'actions de solidarité, tel est, en substance, le principe du bénévolat de compétences. Une forme de volontariat encore mal connue : moins d'un Français sur deux (42 %) en a déjà entendu parler. Ce constat établi par l'association Passerelles et Compétences, pionnière en la matière, est tiré d'une étude sur l'impact du bénévolat de compétences que celle-ci a menée auprès de 272 bénévoles ayant été effectué, en 2016, 917 missions dans 272 associations. Les enquêtés ont répondu à un premier questionnaire à l'issue de chaque mission, puis à un second 6 à 12 mois plus tard pour appréhender le retentissement de leur implication à moyen terme.

Une majorité de femmes

Qui met son temps et ses talents au service de projets d'intérêt général ?  Il s'agit majoritairement de femmes (53 %) – alors qu'au niveau national, l'effectif des bénévoles considérés dans leur ensemble est à 51 % masculin. Femmes et hommes confondus, 30 % des personnes qui se sont engagées n'avaient jamais encore fait de bénévolat. Les bénévoles passés par Passerelles et Compétences se situent aussi plus fréquemment que la globalité des bénévoles français dans la tranche d'âge des 35-64 ans : c'est le cas de deux tiers d'entre eux (contre 46 % au plan national).

Sans surprise compte tenu de leur âge, ces volontaires sont 7 sur 10 à faire partie de la catégorie des "actifs" (salariés, chefs d'entreprise, professionnels à leur compte ou en recherche d'emploi), ce qui explique la crainte qu'avaient, a priori, la majorité d'entre eux de manquer de disponibilité pour honorer leur engagement. Non seulement, cette crainte ne se vérifiera pas, mais les bénévoles interrogés sur la satisfaction globale tirée de l'exercice de leur mission lui donnent une note moyenne de 8 sur 10.

Etre utile

"J'ai le sentiment d'avoir dénoué une situation difficile et permis à l'association d'augmenter ses ressources financières", témoigne Véronique, qui a réalisé l'audit d'un outil de gestion des contacts pour une petite structure parisienne. De son côté, Edmond, spécialiste en ressources humaines, a animé des groupes de travail avec des jeunes en insertion professionnelle. "J'ai pu voir que certains de mes conseils étaient immédiatement pris en compte et j'ai l'impression d'avoir vraiment été utile", se réjouit-il. De fait, comme pour toutes les formes de bénévolat, l'envie d'être utile est une puissante motivation des personnes qui s'engagent dans le bénévolat de compétences. Les intéressées apprécient aussi de pouvoir entrer en relation avec des personnes qu'elles n'auraient pas eu, sinon, l'occasion de côtoyer. D'où l'enrichissement personnel constitué par ces rencontres, et l'enrichissement, aussi, en termes professionnels que produit la mise en œuvre de son expertise dans un nouveau contexte. "C'est un mode de fonctionnement très différent de celui d'une entreprise, souligne Thierry, qui a plusieurs mois offert ses compétences dans le domaine de l'e-commerce à un organisme humanitaire. Discuter avec d'autres milieux sociaux m'a permis d'apprendre de nouvelles choses même au niveau du savoir-faire", déclare-t-il.

Au terme de leur engagement, plus d'un tiers des bénévoles (36 %) sont restés actifs auprès de l'association pour laquelle ils étaient intervenus et la quasi-totalité d'entre eux (93 %) se sont dits prêts à s'investir à nouveau dans une action de solidarité. Cette affirmation trouvera majoritairement une traduction concrète : plusieurs mois après leur mission, 60 % des enquêtés font du bénévolat dans des associations. Il s'agit 2 fois sur 3 de bénévolat de compétences.

Caroline Helfter


contact :   http://www.passerellesetcompetences.org/

29 mars 2018

Aide humanitaire : s'adapter à un environnement en mutation

Conflits longs et complexes, catastrophes naturelles de plus en plus régulières, inégalités croissantes : le nombre de personnes déplacées dans le monde est plus élevé que jamais et les besoins humanitaires ne cessent d'augmenter. Quelles stratégies les organisations non gouvernementales internationales (ONGI) doivent-elles adopter pour rester efficaces dans un contexte mondial en rapide évolution ? Cette question est au cœur d'un rapport sur l'avenir de l'aide humanitaire à l'horizon 2030, rédigé par un réseau international d'experts et d'acteurs associatifs :


Quatre scénarios sont dessinés dans ce rapport, soit autant de futurs possibles pour les interventions humanitaires au plan international. 

Le premier scénario, qualifié de "porte étroite", se caractérise par une montée des nationalismes qui confronte les ONGI à une politisation des crises, en particulier celles qui surviennent dans des Etats fragiles. Désireux de montrer à leurs populations et à la communauté mondiale qu'ils sont capables de gérer seuls des situations d'urgence, les gouvernements locaux délèguent de plus en plus les interventions humanitaires à leurs forces armées, ou bien à des associations nationales, locales ou confessionnelles qu'ils coordonnent. Résultat : les contrôles et les limitations de l'action des ONGI augmentent et leur prédominance se réduit, car elles entrent en concurrence avec les autres et principaux fournisseurs d'aide. 

Dans le scénario dit du "débordement", les acteurs humanitaires font face à une escalade spectaculaire des besoins du fait des crises écosystémiques qui s'intensifient sous l'effet du changement climatique et de la croissance démographique. Les Etats économiquement faibles s'avèrent incapables d'affronter ces défis, ce qui entraîne une augmentation significative des migrations. Mais les ONGI ont de plus en plus de mal à accéder aux communautés vulnérables, parce que l'espace humanitaire est soumis par les autorités nationales à des restrictions importantes, et que les donateurs institutionnels donnent plus aux ONG locales et/ou confessionnelles, voire aux intervenants militaires.

Le troisième avenir envisagé est marqué par une série de crises locales prolongées et une augmentation considérable des migrations involontaires. Dans ce scénario du "A chacun son domaine", de nouveaux réseaux d'intervenants (entreprises, fondations, mégalopoles, mouvements de citoyens) s'articulent autour de causes importantes comme la santé, l'eau, l'énergie ou la mobilité humaine. En raison des motivations variées de ces acteurs (par exemple pénétrer de nouveaux marchés ou accroître leur influence), certaines crises humanitaires peuvent être négligées, ce qui laisse présager un modèle d'assistance humanitaire à deux vitesses : des zones ou des situations économiquement, politiquement ou stratégiquement intéressantes, bénéficient de l'aide des nouveaux acteurs, alors que d'autres sont ignorées. Dans ces dernières, les ONGI traditionnelles et les ONG locales et confessionnelles restent prédominantes. Cependant, à mesure que le financement de l'action humanitaire se fragmente, la concurrence augmente considérablement, ce qui diminue les fonds disponibles pour les crises oubliées.

"(R)évolutions" est l'intitulé du dernier scénario esquissé. D'ici à 2030, les crises localisées demeurent des zones où se concentrent des besoins humanitaires, mais de nouveaux domaines critiques émergent à plus grande échelle, dus à l'intensification des crises écosystémiques. Comme dans le scénario précédent, les intervenants humanitaires informels, guidés par des intérêts personnels, prennent de l'importance. Mais, en incluant de nombreux acteurs locaux clés dans les zones touchées, leurs réponses sont plus stratégiques et plus durables. Pour les ONGI, le scénario "(R)évolutions" offre une opportunité de développer leur influence et leur expertise, estiment les rapporteurs. N'étant plus qu'un intervenant parmi beaucoup d'autres, les ONGI qui saisiront l'occasion de jouer un rôle moteur dans les changements, en renforçant les compétences des autres acteurs, comme les acteurs du secteur privé, les acteurs militaires et les ONG locales, demeureront un élément essentiel de l'ensemble du secteur humanitaire traditionnel comme informel.

Inutile de dire qu'il existe encore bien des incertitudes sur la façon dont l'environnement, les crises et les besoins humanitaires évolueront, concluent les auteurs. Mais une chose leur semble sûre : les intervenants traditionnels du secteur devront effectuer des transformations significatives dans leurs pratiques et mentalités pour ne pas être mis sur la touche. Il s'agit "d'explorer de nouvelles manières de travailler ensemble (y compris avec des acteurs qui ont été tenus à distance jusqu'à présent comme le secteur privé et les acteurs militaires)" et apprendre à agir préventivement pour améliorer, à long terme, la situation des communautés en difficulté.


Caroline Helfter